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Le cessez-le-feu rompu. Israël a mené dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars des frappes d’une ampleur sans précédent sur la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur de la trêve, il y a deux mois. Celles-ci ont fait au moins 413 morts et «des centaines de blessés», selon la Défense civile du territoire palestinien, déclenchant immédiatement de multiples réactions à l’international.
Inquiète de la reprise des frappes, le Forum des familles, la plus grande association luttant pour le retour des d’otages en Israël a imploré le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, d’«arrêter de tuer» leurs proches retenus dans la bande de Gaza. Suite aux bombardements, le Hamas a de son côté accusé le Premier ministre israélien de se servir de «la guerre d’extermination» comme d’une «bouée de sauvetage» face à ses problèmes politiques et d’avoir décidé de sacrifier les otages encore vivants à Gaza. Un dirigeant de l’organisation martèle que les Etats-Unis portent «l’entière responsabilité» des frappes israéliennes, et assure travailler avec les médiateurs internationaux pour «freiner l’agression d’Israël».
A la suite de la rupture de la trêve, la commissaire européenne chargée l’aide humanitaire, Hadja Lahbib, a appelé à «cesser» l’escalade, tandis que le chef de l’ONU, António Guterres, s’est dit «choqué par les frappes israéliennes», ainsi que l’a souligné ce mardi 18 mars un porte-parole des Nations unies, Rolando Gomez. «Il lance un appel pressant pour que le cessez-le-feu soit respecté, que l’aide humanitaire sans entrave soit rétablie et que les otages restants soient libérés sans condition», a-t-il exprimé lors d’un point de presse à Genève. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est également dit «horrifié» par la reprise des bombardements et a appelé à ce que «le cauchemar cesse immédiatement». «La seule voie à suivre est un règlement politique, conforme au droit international. Le recours d’Israël à encore plus de force militaire ne fera qu’empiler davantage de misère sur une population palestinienne souffrant déjà de conditions catastrophiques», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, s’est de son côté dit «préoccupé» par «l’aggravation des tensions» à Gaza et «le retour à une spirale de tensions». La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a appelé toutes les parties à empêcher une «catastrophe humanitaire de grande ampleur». L’Egypte, à l’origine d’un plan pour la reconstruction de l’enclave palestinienne, a condamné «fermement» les frappes israéliennes dans la nuit sur la bande de Gaza, les qualifiant de «violation flagrante» du cessez-le-feu.
La Turquie dénonce, elle, «une nouvelle phase» dans la «politique génocidaire» d’Israël. Idem pour l’Iran qui condamne un «génocide» et pour la Jordanie qui qualifie ces frappes aériennes de «barbares». Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont également fustigé les frappes israéliennes et promis de poursuivre l’escalade, après avoir menacé récemment d’attaquer les navires israéliens en mer Rouge. «Le peuple palestinien ne sera pas laissé seul dans cette bataille, et le Yémen continuera à le soutenir et à intensifier la confrontation», ont-ils ajouté dans un communiqué.
Plus tard dans la journée, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné la reprise des frappes israéliennes et appelé à un «arrêt immédiat» des hostilités qui compromettent, selon lui, les efforts de libération des otages et «menacent la vie des populations civiles de Gaza». En France les premières condamnations politiques sont venues de la gauche. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé «le génocide [qui] se poursuit contre des gens sans défense», sur son compte X. «Honte aux élus français qui s’affichaient il y a encore quelques jours, aux côtés et en soutien assumé de l’armée génocidaire», a fustigé le chef de La France insoumise, en allusion à la récente visite de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal en Israël. Marine Tondelier, la patronne des Ecologistes, a, elle, averti qu’«un massacre est en cours sous les yeux du monde».
La seule voix discordante, et pas la moindre, provient des Etats-Unis. Washington, principal soutien d’Israël, a estimé dans un communiqué du porte-parole du Conseil de sécurité nationale que le Hamas «aurait pu libérer les otages pour prolonger le cessez-le-feu mais […] a choisi le refus et la guerre». L’attaque n’étaient d’ailleurs pas une surprise pour les Etats-Unis. En effet, «l’administration Trump et la Maison Blanche ont été consultées par les Israéliens à propos de leurs attaques à Gaza de ce soir», a déclaré la porte-parole de la présidence, Karoline Leavitt, sur Fox News, ce mardi. «Comme le président Trump l’a bien fait comprendre, le Hamas, les Houthis, l’Iran, tous ceux qui cherchent à terroriser non seulement Israël mais aussi les Etats-Unis d’Amérique, [devront] en payer le prix», a-t-elle assené.
Mise à jour à 14h35 : avec les réactions américaines et françaises.
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