#MeToo dans le cinéma : les acteurs Jean Dujardin, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche et Pio Marmaï font leur mea culpa

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Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve. Quatre grands acteurs – et pour trois d’entre eux cinéastes – français ont livré devant l’Assemblée nationale leur vision de #MeToo, confessant avoir parfois été «lourds» et ne pas avoir vu – ou voulu voir – les agressions subies par les femmes dans le milieu du cinéma. Ces quatre stars ont témoigné le lundi 10 mars devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences commises dans le cinéma. L’une des rares auditions tenue à huis clos et dont le verbatim a été publié ce mardi 18 mars. Des déclarations à contre-courant de celles du producteur Dominique Besnehard qui a préféré remettre la faute sur le comportement de certaines actrices victimes de violences sexuelles.

Pourquoi n’ont-ils rien vu ? Interrogés sur le fossé entre leur ressenti et les nombreux témoignages de violences dans le cinéma, les acteurs ont fait un mea culpa. «Je pense quand même que notre attitude n’invitait probablement pas les gens à venir témoigner», reconnaît l’acteur et cinéaste Gilles Lellouche. «Peut-être que nous ne donnions pas suffisamment confiance pour que l’on vienne nous dire les choses. […] Dans l’invitation au dialogue, nous n’avons peut-être pas été à la hauteur», reconnaît-il.

«Nous ne mentons pas quand nous disons n’avoir rien vu ni entendu. […] Aucune copine comédienne ne m’a jamais dit, au sujet d’un tournage, que tel metteur en scène ou tel comédien était lourd. Ce qu’on entendait, c’était : “Lui, il est un peu dragueur.” Mais je ne pouvais pas imaginer ce qu’elles subissaient, ni jusqu’où ça pouvait aller. En tant qu’homme, je n’ai pas vécu tout ça, c’est un monde que j’ai découvert», explique pour sa part Jean-Paul Rouve.

«On ne voit pas forcément tout – et on n’a peut-être pas envie de voir. Je pense que le mouvement #MeToo aura été utile de ce point de vue là», poursuit Jean Dujardin. La parole des hommes sur ce mouvement est attendue, mais «à certains moments, nous n’étions pas audibles. Si on ne dit rien, on est suspect. Et si on en dit trop, les autres s’imaginent que l’on cache un truc. Il faut donc du temps. […] Mais je suis d’accord : il y a forcément des choses que nous avons loupées sur les plateaux. Evidemment. Des lourdeurs. Des choses qui nous semblaient totalement anodines», estime l’acteur d’OSS 117.

Tour à tour, les acteurs ont reconnu avoir pu être parfois déplacé à un moment de leur carrière. «Je pense que j’ai pu être lourd dans ma façon de signifier les choses. J’essaye toujours de créer une atmosphère de travail assez douce et joyeuse et, à certains moments, j’ai dû faire des plaisanteries qui ont été mal comprises. Il m’est arrivé de m’excuser, verbalement et par écrit, auprès de la personne heurtée par mes propos», a déclaré Pio Marmaï. «Si je dois faire une radioscopie de mes comportements, c’est sûr que j’ai dû être lourd, c’est évident», abonde Gilles Lellouche.

Tout en mettant sur le même plan des actes qui auraient été commis par des femmes lors de tournages. Gilles Lellouche raconte avoir vécu une expérience qui l’a «fait réfléchir sur les circonstances dans lesquelles on s’autorise à parler ou à se révolter», avec une cinéaste qui voulait le «séduire» : «Je ne me sentais pas violemment agressé, c’étaient des gestes comme des mains sous la chemise – si j’en faisais autant à une fille, ça ne serait pas normal.» Jean Dujardin, lui, estime qu’il «arrive aussi que la lourdeur soit partagée. Je tourne avec beaucoup d’amies actrices comme Marie-Josée Croze ou Audrey Dana. […] Or Audrey Dana est [comme] un homme, elle peut en avoir la lourdeur. Cela ne veut pas dire que je l’accompagne. […] Ce n’est pas réservé aux hommes», justifie-t-il.

Les quatre acteurs ont néanmoins souligné l’importance du mouvement #MeToo et ont marqué leur soutien à la libération de la parole des femmes dans leur milieu. «Heureusement qu’il y a eu une prise de conscience collective ; il n’est plus possible pour quiconque de ne pas se sentir concerné», a fait savoir Gilles Lellouche. «Je suis entièrement d’accord avec Gilles», a répondu Jean-Paul Rouve, en affirmant que si «le mouvement #MeToo et la libération de la parole ne répareront malheureusement pas les personnes qui ont souffert», désormais «quelqu’un qui serait susceptible d’aller sur ce terrain avec une comédienne va y réfléchir à deux fois. Je l’espère, en tout cas.»

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Pour Pio Marmaï, «le mouvement #MeToo était plus qu’indispensable». D’après l’acteur, «il faut bien que nous puissions travailler sainement pour fabriquer les choses géniales que nos métiers permettent de créer. Il faut donc beaucoup de clarifications, et il faut y veiller ensemble.» «#MeToo a eu un début fracassant. C’était nécessaire, déclare Jean Dujardin en évoquant ses doutes. Au début, j’ai eu le sentiment que ça commençait mal.» Il se rattrape : «Mais il ne pouvait pas en aller autrement : il fallait taper fort pour que la parole soit entendue, ce qui est encore le cas. On ne dit plus ce qu’on disait il y a dix ou quinze ans et on ne le dira plus non plus dans dix ans. Les choses évoluent, tout le monde est au courant de ce qui se passe.»

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