Trump contre les scientifiques : les cas de chercheurs étrangers expulsés ou en passe de l’être se multiplient

Trump contre les scientifiques : les cas de chercheurs étrangers expulsés ou en passe de l’être se multiplient

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Gare aux opinions personnelles aux Etats-Unis, elles peuvent mener à une expulsion du territoire. Khan Suri, de nationalité indienne, chercheur à l’université de Georgetown, a été arrêté lundi 17 mars et est menacé d’expulsion, rapporte le média Politico. L’homme a pourtant «reçu un visa en bonne et due forme pour entrer aux Etats-Unis afin de poursuivre ses recherches doctorales sur la consolidation de la paix en Irak et en Afghanistan», souligne son employeur. Le département américain de la Sécurité intérieure l’accuse, sans produire de preuves, d’entretenir des liens avec le groupe terroriste du Hamas, de diffuser sa propagande, et d’antisémitisme. Dans son communiqué, l’université Georgetown a déclaré soutenir le droit de ses membres à la recherche et au débat, «même si les idées sous-jacentes peuvent être difficiles, controversées ou désagréables».

Les autorités américaines estiment pouvoir l’expulser, en vertu d’un article de loi sur les étrangers dont la présence sur le sol américain pourrait porter atteinte à la politique étrangère des Etats-Unis. «Si le gouvernement décide qu’un universitaire accompli qui se consacre à la résolution des conflits est mauvais pour la politique étrangère, le problème vient peut-être du gouvernement et non de l’universitaire», a répondu l’avocat de Khan Suri, par mail, à l’agence Reuters.

Cette arrestation intervient sur fond de craintes grandissantes du monde scientifique sur la liberté de la recherche aux Etats-Unis, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Car il ne s’agit pas d’un cas isolé. Au début du mois, l’administration Trump a arrêté et tenté d’expulser Mahmoud Khalil, un étudiant à l’université de Columbia, en raison de sa participation à des manifestations pro-palestiniennes. Khalil conteste sa détention devant les tribunaux. Citons également le cas de la néphrologue libanaise, Rasha Alawieh, expulsée des Etats-Unis pour avoir assisté aux funérailles de l’ancien chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Arrêté jeudi 13 mars à l’aéroport international Logan de Boston, «elle a été interrogée sur sa participation aux funérailles de Nasrallah», a indiqué un membre de sa famille qui a requis l’anonymat, à l’AFP. Des photos de figures du Hezbollah ont été trouvées sur son téléphone, a ajouté la même source.

Reuters a eu accès à la transcription de son entretien avec les agents des douanes. Elle a déclaré qu’elle ne soutenait pas le Hezbollah, mais qu’elle avait une grande estime pour Hassan Nasrallah en raison de sa religion. «Je ne suis pas une personne politique», a-t-elle déclaré. «Je suis médecin. C’est surtout une question de foi.» Washington considérant le Hezbollah comme un groupe terroriste, le ministère de la Justice estime que «ses véritables intentions aux Etats-Unis ne pouvaient pas être déterminées». Des centaines de manifestants, dont certains de ses collègues de l’hôpital, se sont rassemblées sur la pelouse du Rhode Island State House à Providence pour manifester leur soutien, portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Son visa était valide», «Elle n’a rien fait de mal» et «Arrêtez les déportations massives maintenant».

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«Un visa est un privilège et non un droit – glorifier et soutenir des terroristes qui tuent des Américains est un motif de refus de visa», a déclaré Tricia McLaughlin, porte-parole du département de la Sécurité intérieure, dans un communiqué. «Il s’agit là d’une mesure de sécurité qui relève du bon sens.» A la suite de l’annonce de cette expulsion, l’université de Brown, où travaillait Rasha Alawieh, a conseillé à ses étudiants internationaux, à son personnel et à ses professeurs d’envisager de reporter ou de retarder leurs voyages personnels en dehors des Etats-Unis en raison «des changements potentiels dans les restrictions et les interdictions de voyage, les procédures et le traitement des visas, les exigences de réentrée» qui «peuvent affecter la capacité des voyageurs à retourner aux Etats-Unis comme prévu».

Un chercheur français a aussi fait les frais d’une accusation en terrorisme. Arrêté à l’aéroport alors qu’il se rendait à une conférence scientifique à Houston, il n’a pas pu rentrer sur le territoire américain et a été renvoyé le 10 mars. Des messages personnels sur son téléphone portable traduisant «une haine envers Trump et [pouvant] être qualifiés de terrorisme» lui ont été reprochés. Paris a déploré cet incident.

Dans le même temps, le gouvernement s’active pour pousser la Commission européenne à mettre en place une politique d’accueil des chercheurs voulant fuir les Etats-Unis. Douze ministres européens de la Recherche ont signé un courrier à l’initiative de la France demandant mercredi une réunion à l’échelle européenne sur le sujet. «Il est urgent de définir une politique européenne pour que la recherche soit au cœur de la construction de notre autonomie stratégique et de nous organiser pour accueillir les talents qui souhaiteraient ou devraient quitter les Etats-Unis», commente Philippe Baptiste, le ministre français de la Recherche. Pour le moment, l’initiative est laissée aux établissements. L’université d’Aix-Marseille, l’école CentraleSupélec et l’université PSL sont les seules, en France, à avoir détaillé un plan en ce sens. L’austérité budgétaire qui pèse sur les laboratoires freine la mobilisation.

Libération

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