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TRIBUNE
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La cession d’Opella à un fonds d’investissement américain est le symbole de la financiarisation périlleuse de l’économie du médicament. Pour y faire face, il faut redéfinir la politique publique dans le domaine, estiment l’ex-sénatrice Laurence Cohen et la sociologue Gaëlle Krikorian.
par Laurence Cohen, sénatrice (2011-2023), rapportrice mission d’enquête sénatoriale sur la pénurie de médicaments et choix de l’industrie pharmaceutique et Gaëlle Krikorian, sociologue, docteure de l’EHESS
Depuis, une trentaine d’années, les grandes firmes pharmaceutiques délocalisent fortement vers l’Asie, ce qui aggrave les pénuries de médicaments dans nos pays. Cela n’a pas empêché la direction de Sanofi de vendre Opella, productrice du Doliprane, au fonds de pension américain, CD & R, pour 16 milliards d’euros, et d’abandonner ses projets de recherche en oncologie, alors que le cancer est la première cause de mortalité dans notre pays. La société affirme vouloir se concentrer sur l’immunologie avec des vaccins et des médicaments innovants.
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A l’instar d’autres multinationales, la stratégie de Sanofi vise à obtenir les plus hauts rendements financiers possibles, en se concentrant sur les maladies et les produits pour lesquels les patient·es paieront un prix très élevé, et de se défaire des médicaments anciens dont les revenus sont moindres. Quand on dit moindres, ils ne sont pas négligeables : selon Iqvia France, Sanofi a gagné environ 770 millions d’euros avec la vente du paracétamol l’année dernière, soit 70 % des revenus générés sur ce composé pharmaceutique en France, le reste ayant été majoritairement gagné par Upsa. Et le chiffre d’affaires total de Sanofi s’est élevé, l’année dernière, à 43 milliards d’euros.
Mais ce que veulent les multinationales pharmaceutiques et les fonds de pension ou d’investissement, ce sont des niveaux de rentabilité de plus en plus importants, de 25 % à 45 % de marge nette !
Les conséquences de cette logique, on le voit avec Sanofi, ce sont
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