Sinaive, DJ Sneak, Decius, Animal Triste… la playlist du cahier musique de «Libération»

Chaque week-end, la web radio de «Tsugi» accompagne le cahier musique de «Libération»

La découverte : Sinaïve, mais pas tant que ça

Il en faut du courage pour pratiquer le rock aujourd’hui dans notre pays. Manque d’espaces pour répéter ou jouer, de labels pour se développer, d’éclairage médiatique…. Malgré tout, et on essaie modestement de s’en faire le témoin, quelques irréductibles continuent avec passion d’agiter basses, guitares et batterie. Existant depuis 2017, avec des géométries variables, ce trio strasbourgeois n’a donc jamais rangé l’électricité au placard en dépit d’une audience demeurée limitée. Dans un monde idéal, leur saisissant premier album (après des EP quand même repérés par quelques professionnels de la profession) devrait leur permettre d’atteindre un large écho dépassant la capitale alsacienne.

Assez fascinant par ces constructions savantes et tendues, Pop Moderne déploie une personnalité beaucoup plus singulière que son titre et lui coller les étiquettes shoegaze et noise semble beaucoup trop restreint. Même si dans les formats le plus pop (le single Élégie) plane toujours le fracas assourdissant des guitares, le chant, l’instrumentation et la production, responsabilité du duo central Calvin Keller-Alicia Lovich se fait un plaisir de troubler les sens, prendre des chemins de traverse, briser les mélodies pour mieux les réinventer plus loin. Surtout pas linéaire, avec notamment ces textes brumeux splendidement habillés d’un stupéfiant enrobage sonore, cette aventure musicale n’est bien sûr pas de celles qui s’apprivoisent en un clin de stream. Tant mieux ou tant pis ? Vaste débat.

Sinaïve Pop Moderne (Antimatière /Super Structure)

La playlist

DJ Sneak A Taste of the 90s

Après la French Touch aux Jeux paralympiques, place à la house américaine de la même époque. En trois minutes trente, le vétéran DJ Sneak parvient à rendre hommage à l’âge d’or du genre. Secoué mais fin.

Decius Walking in the Heat

La sensation londonienne, composée entre autres d’une moitié de Paranoid London et Lias Saoudi, chanteur de Fat White Family. Entre acid house hypersexuée et électronique de cave. Vivement l’album.

Animal Triste River of Lies ft. Alain Johannes

Moins gothique, mais encore plus électrique, le retour de cet excellent groupe de rock venu de Normandie s’annonce en fanfare avec la participation du très coté guitariste américano-chilien Alain Johannes.

One True Pairing Mid-Life Crisis

Avec cette voix légèrement voilée et sensuelle, Tom Fleming (Wild Beasts) peut enflammer même en chantant du Marc Lévy. Et comme la mise en musique, entre pop et avant-garde captive, on est comblé.

Lisa Ducasse L’Essor

On imagine que la chanteuse, originaire de l’île Maurice, parle d’elle à la troisième personne dans cette composition à tiroirs bouleversante de justesse et de délicatesse. Poétique, électronique et organique.