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D’un côté, des consommateurs chinois qui boudent le luxe occidental, de l’autre un gouvernement français qui projette une surtaxe sur les grandes entreprises. C’est dans ce contexte tendu pour le secteur que LVMH, numéro 1 mondial du luxe, a annoncé ce mardi 15 octobre un chiffre d’affaires en baisse de 3 % (hors variations de devises, cessions et acquisitions) pour le troisième trimestre, à 19,1 milliards d’euros, bien plus forte que prévu.
Et c’est avec une pointe d’agacement que le directeur financier du groupe, Jean-Jacques Guiony, a répondu mardi soir aux questions des analystes sur la surtaxe d’impôt sur les sociétés prévue dans le projet de budget 2025, qui doit rapporter au total 8 milliards d’euros aux caisses de l’Etat. LVMH, l’un des premiers contributeurs français, a déjà fait ses comptes. «La France représente un tiers de notre bénéfice avant impôt et 40 % de notre impôt sur les sociétés, a-t-il exposé. L’impact de la surtaxe sur les sociétés représentera 700 à 800 millions d’euros supplémentaires. En France nous contribuons à 0,7 % du PIB français, nous payons 4,5 % du total de l’impôt sur les sociétés et nous paierons 10 % de la surtaxe taxe projetée par gouvernement, si jamais certains pensent que nous ne contribuons pas à l’effort budgétaire en préparation». A noter qu’en 2023, LVMH a enregistré des ventes de 86,2 milliards d’euros et un bénéfice net de 15,2 milliards d’euros (+ 8 %).
Contexte difficile
Cette surtaxe intervient alors que LVMH souffre du ralentissement de l’économie chinoise, qui a entraîné une détérioration de ses ventes depuis le début de l’année : la hausse était de 3 % au premier trimestre, puis de seulement 1 % au deuxième, avant la chute de 3 % au troisième. Sur les neuf premiers mois de 2024, le chiffre d’affaires du groupe ressort stable en croissance organique (0 %) par rapport à 2023, à 60,7 milliards, dont une hausse de 3 % en Europe (où il réalise 17 % de ses ventes), de 1 % aux Etats-Unis (25 % de ses ventes) et de 36 % au Japon (9 % des ventes), mais une chute de 12 % en Asie, essentiellement en Chine, où il réalise 29 % de ses ventes.
Les ventes de LVMH en Asie, hors Japon, ont empiré au fil de l’année, à -6 % au premier trimestre puis -14 % au deuxième et enfin -16 % au troisième. Le groupe parle cependant de «résilience» de ses ventes dans un contexte difficile. «La consommation en Chine est revenue à son plus bas de la période du Covid, nous ne pouvions nous attendre à une hausse de la demande dans ce contexte, mais l’appétit des consommateurs chinois pour le luxe reste élevé», explique Jean-Jacques Guiony, qui se dit confiant sur une reprise de la demande.
«Encore loin d’un plan de stimulation de la consommation»
Les analystes ont scruté samedi les annonces du ministre chinois des Finances, qui a promis samedi des mesures de relance, dont une aide au secteur immobilier et aux banques. Mais ce plan encore peu détaillé est jugé encore insuffisant pour faire redémarrer la demande des Chinois aisés en produits de luxe, et ce, avant la Journée des célibataires, le 11 novembre, plus grande période d’achat annuelle en Chine.
«Nous sommes encore loin d’un grand plan de stimulation de la consommation», a commenté la société de courtage Oddo BHF dans une note lundi. Selon le cabinet de conseil Bain, les ventes mondiales de produits personnels haut de gamme – vêtements, accessoires et produits de beauté – devraient enregistrer cette année une hausse de 0 % à 4 % par rapport à l’année précédente, à taux constants, la plus faible depuis la pandémie de Covid.
Les analystes de Bank of America prévoient que le troisième trimestre sera le pire pour le secteur en quatre ans, avec une baisse de 1 % des ventes organiques par rapport à l’année précédente. En particulier Kering, qui publiera ses résultats le 23 octobre, plombé par sa marque phare Gucci.
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