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Les avocats de Gisèle Pelicot font savoir que leur cliente «n’est en aucun cas sur les réseaux sociaux et n’entend pas y être». Un compte à son nom vient d’être supprimé sur X, mais celui créé sur Instagram reste actif.
Une publication vue près de trois millions de fois. Une simple photo d’un collage réalisé à Lille par l’artiste féministe LaDame Quicolle, qui montre Gisèle Pelicot marchant d’un pas décidé. Des centaines de commentaires, dans toutes les langues : «Vous êtes une héroïne pour toutes les femmes» de la part d’une Canadienne, ou une Néerlandaise qui admet qu’elle ne comprend pas «où vous avez trouvé le courage pour chercher justice». Un compte dont le nombre d’abonnés double en seulement quelques heures, passant de 6 000 followers samedi 26 octobre à plus de 13 000 ce dimanche 27 octobre. Et, désormais, le message suivant qui s’affiche : «Ce compte n’existe pas.»
En fait, tout est mensonger. CheckNews en a obtenu confirmation. La femme de 71 ans au cœur de l’affaire des viols de Mazan, qui a porté plainte contre son mari Dominique Pelicot, ne se trouve pas derrière le compte créé à son nom sur le réseau social X – ni derrière celui créé sur Instagram qui lui est associé. Ces comptes frauduleux semblent s’inscrire dans une tentative de récupération de l’histoire de Gisèle Pelicot, dont le mari est actuellement jugé à Avignon (aux côtés de 50 autres hommes) pour l’avoir droguée et violée. Une affaire qui a fait le tour du monde.
Publication en catalan
Plusieurs indices mettent sur la piste de faux comptes. Créé le 7 septembre, le profil X a dans la foulée mis en ligne quatre publications, dont l’une remercie l’influenceuse Nabilla Benattia pour la création d’une cagnotte en ligne destinée à soutenir Gisèle Pelicot. «Nabilla est un être de lumière», écrit alors le compte. Pourtant, la veille de ce tweet, Gisèle Pelicot avait fait savoir, par l’intermédiaire de ses avocats, qu’elle refusait cet argent – et en conséquence, l’ex-star de téléréalité avait d’ailleurs décidé de fermer sa cagnotte.
Dans un communiqué transmis aux médias le 6 septembre, maîtres Stéphane Babonneau et Antoine Camus indiquaient que leur cliente en appelle «à la plus grande modération sur les réseaux sociaux, ne souhaite aucunement l’ouverture de cagnottes de soutien en ligne et demande la fermeture de celles déjà ouvertes». Tout en remerciant «toutes les personnes qui ont envoyé massivement du monde entier des témoignages de soutien depuis le début du procès», elle a néanmoins souhaité «impérativement préserver la dignité et la sérénité des débats qui se tiennent actuellement», écrivaient-ils.
Une autre incohérence tient au fait que les comptes supposément attribués à Gisèle Pelicot semblent alimentés depuis l’Espagne. Dans la bio du compte X, la localisation est indiquée en espagnol («Francia» au lieu de France). En outre, sur une des publications du compte Instagram, une partie de la description est rédigée en catalan. «No esteu soles. Gràcies a vosaltres tinc la força per lliurar aquest combat», lit-on. Soit en français : «Tu n’es pas seule. Grâce à vous j’ai la force de mener cette bataille.» Or, le seul élément qui relie Gisèle Pelicot à l’Espagne est un message de soutien en catalan collé près du palais de justice d’Avignon.
A noter que le compte X au nom de Gisèle Pelicot avait par ailleurs relayé, le 17 septembre, une vidéo du collectif complotiste Verity France. Un choix qui interroge. Après n’avoir plus rien publié depuis le 27 septembre, il a donc repris du service un mois plus tard. Sur Instagram, le profil ne comptait que quatre publications mises en ligne entre le 17 et le 23 septembre, et n’est de nouveau actif que depuis ce samedi 26 octobre. On y trouve essentiellement des photos de manifestations en soutien à Gisèle Pelicot.
«Alerte à la vigilance»
Auprès de CheckNews, l’un des avocats de Gisèle Pelicot, Antoine Camus, indique qu’elle n’a rien à voir avec ses comptes. «Je confirme que madame Pelicot n’est en aucun cas sur les réseaux sociaux et n’entend pas y être», répond-il. La journaliste Juliette Campion, qui couvre le procès pour France Info, a obtenu la même confirmation de la part d’un des fils de Gisèle Pelicot.
Antoine Camus poursuit : «Si nous avions moins la tête dans le guidon, Stéphane Babonneau et moi-même, nous nous occuperions évidemment pour notre cliente de la fermeture de ces comptes, ce qu’il nous est matériellement impossible de faire à l’heure actuelle.» Maître Camus note également que par le communiqué précédemment diffusé, sa cliente avait déjà souligné que «la plus grande vigilance est de mise». Mais parce qu’il paraît nécessaire de répéter cette «alerte à la vigilance», un communiqué sera de nouveau envoyé en début de semaine prochaine, indique-t-il.
Depuis notre prise de contact avec le conseil de Gisèle Pelicot, le compte X a été rendu inaccessible, le réseau social indiquant désormais que «ce compte n’existe pas». Une suppression faisant suite, sans doute, aux très nombreux signalements opérés ces dernières heures. Le compte Instagram, quant à lui, est toujours en ligne. Et dénombre quelque 2 600 followers.
Quels étaient les desseins de la ou des personnes qui se sont chargées d’alimenter ces comptes ? Impossible, pour l’heure, de répondre à cette question, dans la mesure où nos messages n’ont pas trouvé réponse de leur part.
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