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Film d’animation
Pour son nouveau long métrage d’animation, Claude Barras nous plonge dans l’univers foisonnant et coloré d’une jungle de Bornéo en pâte à modeler.
Huit ans après son premier long métrage Ma Vie de Courgette, tableau sensible de la vie d’enfants cabossés dans un foyer de campagne et étonnant succès d’un cinéma d’animation français dont l’allant est rarement récompensé en salles, Claude Barras installe son théâtre de pâte à modeler dans l’immense forêt tropicale de Bornéo. Ou plutôt à sa lisière, au point de rencontre entre l’hyperdensité d’une jungle grouillante de biodiversité et le hurlement mécanique d’engins de chantier prêts à l’engloutir. Cette ligne de front mouvante d’une guerre entre le mécanique et le vivant, le film la traverse de part et d’autre en suivant l’escapade d’une petite écolière, Kéria, appelée à se perdre dans la jungle derrière chez elle lorsqu’un bébé singe lui tombe dans les bras.
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Le premier contact avec cet autre monde est splendide. Par l’intensité de ses couleurs et la dimension quasi magique de sa peinture d’une végétation si dense et bruyante qu’elle semble comme possédée, habitée par bien davantage que ce qui ose se montrer à nous, la «patanimation» de Barras s’installe dans un cousinage de l’art naïf du Douanier Rousseau. Comme s’il en avait gardé la puissance plastique et onirique en se déchargeant de son exotisme. Car c’est avec prudence que le cinéaste se rapproche du peuple Penan, qui recueille la petite égarée. Soucieux de préserver l’étrangeté de ce mode de vie que découvre Kéria, Barras ne traduit ni ne sous-titre les dialogues au sein de la tribu. Mais il s’attache à voir, par-delà les pagnes, sa contemporanéité en montrant qu’on y fait la vaisselle sur la psychobilly d’Alan Vega plutôt que sur un air traditionnel.
On regrette néanmoins que ce récit d’initiation plein de charme soit si transparent dans ses intentions, dans sa façon de renverser l’accusation de sauvagerie contre la multinationale aux atours paramilitaires qui détruit le vivant. La charge est évidemment légitime mais si frontale qu’elle destine surtout le film à un public scolaire.
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