Guerre en Ukraine : le Pentagone confirme que la Corée du Nord a envoyé 10 000 soldats en Russie

Les Etats-Unis l’affirment : plusieurs milliers de militaires nord-coréens sont partis s’entraîner auprès des troupes russes. L’Otan et l’Union européenne s’inquiètent d’une dangereuse escalade en Ukraine.

L’estimation occidentale sur le nombre de combattants nord-coréens engagés auprès de Moscou notamment pour combattre en Ukraine a triplé en quelques jours. Lundi 28 octobre, la porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh a présenté une nouvelle évaluation. «Nous pensons que la République démocratique populaire de Corée a envoyé environ 10 000 soldats pour s’entraîner dans l’est de la Russie» La consolidation de la coopération militaire entre Moscou et Pyongyang aura, selon les Etats-Unis, «probablement» pour conséquence «un renforcement des forces russes près de l’Ukraine dans les prochaines semaines».

Quelques heures avant les déclarations du Pentagone, le nouveau secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, avait lui aussi lancé une mise en garde concernant l’envoi de troupes nord-coréennes vers la Russie. Il a confirmé «que des unités militaires nord-coréennes ont été déployées dans la région de Koursk», près de la frontière ukrainienne. Il évoque une «escalade significative» tandis que le président américain Joe Biden qualifie ce déploiement de «très dangereux».

Rien n’indique pour l’instant que des militaires de Pyongyang combattent déjà sur le sol ukrainien, aux côtés des forces russes. Mais le président Volodymyr Zelensky craint de les voir arriver sur le champ de bataille en Ukraine d’ici peu. Lundi 28 octobre, il dit s’attendre, sur la foi de ses services de renseignement, à ce que les troupes nord-coréennes déployées en Russie soient «bientôt 12 000».

Depuis début octobre, les troupes russes ont réalisé leur gain territorial le plus important sur un mois depuis mars 2022, en progressant de 478 km². Pour Mark Rutte, le recours aux militaires nord-coréens n’est pas de bon augure pour la santé de l’armée russe. A ses yeux, «c’est un signe du désarroi croissant» de Vladimir Poutine. «Plus de 600 000 soldats russes ont été tués ou blessés dans la guerre» déclenchée par le président russe, «incapable de poursuivre son assaut contre l’Ukraine sans soutien étranger».

Des préoccupations à l’internationale

De l’autre côté de la frontière, la Corée du Sud s’inquiète des agissements de son voisin. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a réagi aux estimations du Pentagone, dénonçant mardi 29, «une coopération militaire illégale entre la Russie et la Corée du Nord» qui incarne selon lui «une menace importante pour la sécurité mondiale». Le président sud-coréen a échangé par téléphone avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a, elle aussi, insisté sur le tournant que représente l’envoi «pour la première fois» de soldats nord-coréens «en soutien de la guerre d’agression de la Russie».

Face à cette menace, Volodymyr Zelensky enjoint les Occidentaux à «punir» la coopération entre la Russie et la Corée du Nord. Son chef de cabinet, Andrii Iermark, a clamé ce lundi que «les sanctions ne suffisent pas. Nous avons besoin d’armes et d’un plan clair pour empêcher la Corée du Nord de s’impliquer davantage dans la guerre en Europe.» Il met également en garde sur le fait que la Russie pourrait élargir son partenariat militaire avec «d’autres régimes autocratiques» qui pourraient «venir combattre l’Otan».

De son côté, la Corée du Nord a assuré que tout déploiement de soldats en Russie serait «conforme» au droit international, sans confirmer ou infirmer leur présence. Ce mardi 29 octobre, le ministre nord-coréen des Affaires étrangères est en route vers Moscou, selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, qui cite l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA.