La Géorgie plonge toujours plus dans une crise politique. Le parquet géorgien a annoncé ce mercredi 30 octobre l’ouverture d’une enquête pour «falsification présumée» des élections législatives, convoquant la présidente pro-occidentale du pays pour qu’elle détaille ses accusations de fraudes à l’adresse du parti au pouvoir pro-russe et vainqueur déclaré du scrutin. «Le parquet géorgien a ouvert une enquête sur la falsification présumée des élections législatives», a-t-il déclaré dans un communiqué, précisant que la présidente, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement et critique des résultats, était «convoquée» jeudi pour un entretien sur le sujet.
Cette annonce intervient quatre jours après la victoire contestée de Rêve géorgien aux législatives, le parti d’opposition refusant de reconnaître les résultats proclamés par la Commission électorale. «Nous sommes témoins et victimes d’une opération russe spéciale, une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien», affirme la cheffe de l’Etat qui dénonce une «falsification totale» des urnes. Plusieurs milliers de Géorgiens étaient descendus dans les rues pour contester les résultats samedi 26 octobre.
Dans un entretien à l’AFP lundi, la présidente géorgienne avait affirmé qu’un système «sophistiqué» de fraudes suivant «une méthodologie russe» avait permis à Rêve géorgien de l’emporter, notamment via «des achats de voix» ou encore des «pressions» envers les électeurs. Par ailleurs, à la suite des accusations de fraudes, un nouveau comptage partiel des voix a été ordonné dans 14 % des bureaux de vote. Il est en cours depuis mardi midi, sans qu’on n’en connaisse les résultats à ce stade.
Des «accusations totalement infondées» selon Moscou
L’Union européenne, les Etats-Unis et des observateurs internationaux ont aussi émis des doutes quant à la régularité du scrutin. Ces derniers jours, Bruxelles et Washington avaient explicitement demandé à Tbilissi d’ouvrir des enquêtes sur ces allégations d’«irrégularités significatives». Voix discordante au sein de l’UE, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine, avait félicité le parti au pouvoir pour sa victoire dans des élections «libres et démocratiques», lors d’une visite lundi et mardi dans la capitale de la Géorgie. Ce soutien appuyé, le seul parmi les Vingt-Sept, a fait grincer des dents à Bruxelles, au moment où la Hongrie détient la présidence tournante du Conseil de l’UE jusqu’à la fin d’année.
Lundi matin, le Kremlin a de son côté «fermement» rejeté «les accusations totalement infondées» à propose d’une ingérence de la Russie dans le processus électoral en Géorgie. «Il n’y a eu aucune intervention», a balayé le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. Rêve géorgien est accusé par ses opposants d’orienter le pays vers Moscou, et de s’éloigner de l’objectif, inscrit dans la Constitution, de rejoindre l’UE et l’Otan.
Leave a Comment