Marine Le Pen a assisté, impassible, pendant huit longues heures, au procès des assistants FN du Parlement européen, à Paris. Le tribunal correctionnel s’est penché sur la machine financière du parti, et la question est essentielle : s’agit-il d’embauches individuelles et aléatoires d’assistants fictifs, ou d’un système organisé par le mouvement ?
Deux cabinets comptables se sont succédé : celui de Christophe Moreau, de 2004 à 2011, et celui de Jean-Marie Le Pen. Le premier est un tiers payant, qui rédige et fait signer les contrats des députés et de leurs assistants, demande leur prise en charge à Bruxelles et distribue les fonds européens.
Le cabinet Moreau n’avait que sept députés FN à gérer de 2004 à 2009, puis trois jusqu’en 2014. L’affaire ne pesait que de 1 à 3 % dans son chiffre d’affaires. Moreau exécutait les instructions sans trop s’inquiéter des mouvements d’assistants d’un député à l’autre : “Ça faisait beaucoup de chaises musicales, mais je ne connaissais pas la motivation.”
Le but était d’apurer les enveloppes budgétaires européennes. Le comptable reconnaît : “Sûrement.” Il ne voit rien de choquant : “Quand j’étais à l’armée, on laissait tourner les moteurs pour épuiser les stocks de carburant.”
Christophe Moreau ne s’inquiétait pas de savoir si les députés et les assistants étaient mis devant le fait accompli, ou s’ils travaillaient pour le parti ou pour le Parlement européen : “J’ai poursuivi ma mission, je n’allais pas faire des mesures de police.” Il a même fait signer un faux contrat pour le garde du corps des Le Pen, avec un faux bulletin de salaire pour récupérer 41 504 euros en trois mois.
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