Kemi Badenoch, personnalité politique controversée et mère de famille d’origine nigériane, a été élue, samedi 2 novembre, cheffe du parti conservateur britannique, succédant à l’ancien Premier ministre Rishi Sunak, dont elle a été ministre du Commerce pendant deux ans.
À 44 ans, cette ingénieure informatique de formation, fervente partisane du Brexit et représentante de l’aile droite du parti tory, s’est surtout fait connaître pour sa propension à dénoncer le prétendu “wokisme” et les revendications de la communauté LGBTQIA+.
Combative, appréciée de ses partisans pour sa franchise, Kemi Badenoch devra s’atteler à reconstruire son parti, laminé par une défaite historique aux élections générales de juillet : il ne dispose plus que de 121 sièges à la Chambre des communes contre 402 pour le Labour. Les tories ont dominé la politique britannique des quatorze dernières années mais ont été sanctionnés pour l’ère d’austérité décidée par David Cameron en 2010, le Brexit et les mandats chaotiques de Boris Johnson et de Liz Truss. “La tâche qui nous attend est difficile mais simple : nous devons demander des comptes au gouvernement travailliste, nous préparer à gouverner à nouveau et lors des prochaines élections [probablement pas avant 2029], nous devons avoir un plan clair de changement pour notre pays”, a déclaré Kemi Badenoch, samedi, à l’annonce des résultats.
Née à Wimbledon, une banlieue aisée du sud de Londres, de parents d’origine nigériane (père médecin, mère universitaire), Kemi Badenoch a été élevée entre Lagos, au Nigeria et les États-Unis. Elle a commencé sa carrière chez des éditeurs informatiques et des banques avant de devenir directrice digitale de l’hebdomadaire The Spectator, la bible de la droite britannique.
Virage à droite
Élue députée pour la première fois en 2017, cette mère de trois jeunes enfants, mariée à un banquier, a été préférée par les militants conservateurs à Robert Jenrick, son principal concurrent. À 42 ans, ce dernier, ex-secrétaire d’État à la migration de Rishi Sunak, avait fondé toute sa campagne sur sa promesse de réduire la migration à “presque zéro”, de sortir le Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme et de réactiver le plan d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda, abandonné par le travailliste Keir Starmer à son arrivée à Downing Street.
Kemi Badenoch s’est gardée d’être aussi précise dans ses propositions de réformes, elle a, en revanche, multiplié les propos controversés, prétendant, par exemple, que “jusqu’à 10 % des fonctionnaires sont tellement mauvais qu’ils mériteraient d’être en prison” ou que les indemnités versées aux femmes pendant leur congé maternité étaient “excessives” – bien qu’elles soient parmi les plus faibles d’Europe.
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