Alerte rouge météo à Barcelone : une frayeur qui en dit long

Après de fortes pluies et des débuts d’inondations, la capitale catalane a fonctionné au ralenti lundi en raison de restrictions de mobilité. Après la tragédie de Valence et ses plus de 200 morts, le gouvernement régional n’a voulu courir aucun risque.

Lundi, d’importantes pluies dans divers points de la Catalogne et des débuts d’inondations ont fait craindre une nouvelle dana (acronyme de «dépression isolée de haute altitude»), le phénomène climatique qui a provoqué au moins 217 morts la semaine dernière dans la région de Valence, plus au sud sur la côte méditerranéenne.

Entre 10h30 et 11h15, en deux vagues, les messages d’alerte rouge invitant à restreindre au maximum les déplacements ont retenti sur les smartphones de près d’un million d’usagers, les enjoignant, en trois langues (catalan, castillan et anglais), à ne pas se déplacer. Les autorités ont pris cette initiative exceptionnelle dans une dizaine des 41 comarques (cantons) que compte la région autonome de Catalogne. Une zone très densément peuplée, qui englobe Barcelone et une grande partie de sa métropole.

En milieu de matinée, la circulation des trains régionaux et de proximité a été interrompue. Sur l’aéroport international d’El Prat, des vols ont été annulés ou déviés, même si la plupart des avions ont continué à décoller et à atterrir, avec un certain retard. En revanche, les voyageurs ne pouvaient ni entrer dans les terminaux ni en sortir en raison de la fermeture des accès routiers.

Un même confinement a été imposé dans les entreprises, où les employés étaient fermement incités à ne pas sortir jusqu’à nouvel ordre. Les élèves des écoles étaient, eux aussi, contraints de rester sur place, la protection civile considérant les établissements comme «des lieux sûrs». Et interdiction a été faite aux parents de se déplacer pour récupérer leur progéniture. Autre recommandation : éviter les abords des cours d’eau et les ravins.

Les pluies et les premières inondations constatées justifiaient-elles le lancement de ce protocole rarement mis en place ? La certitude qu’une alerte précoce aurait sauvé des dizaines de vies à Valence, il y a six jours, a sans doute pesé dans la décision des responsables de la région, dirigée depuis le mois d’août par le socialiste Salvador Illa. Qui est intervenu en personne pour appeler à la plus grande prudence. Dès les premiers journaux télévisés lundi, les images de voitures dont seul le toit émerge d’une masse d’eau ont fait écho à celles qui tournent en boucle depuis mardi 29 octobre, date de la Dana meurtrière de Valence.

Les villes catalanes touchées par les inondations sont d’une part Tarragone, à 100 km au sud de Barcelone, d’autre part celles proches du delta du Llobregat, le deuxième fleuve le plus important de la région (après l’Ebre), dont le débit s’est fortement accru après les précipitations des derniers jours. En particulier, sur le littoral, Gavà ou Castelldefels, une cité très prisée des hauts salaires (Lionel Messi y résidait lorsqu’il évoluait au Barça).

Vers 15 heures, plusieurs routes étaient à nouveau ouvertes, et la circulation de certains trains reprenait, amorçant un retour progressif à la normale.