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Droits de l’homme
Le sort de l’opposant au régime de Téhéran, annoncé d’abord exécuté puis mort en détention, interroge son entourage, qui demande «une enquête indépendante menée hors d’Iran».
Dans quelles circonstances est mort le dissident irano-allemand Jamshid Sharmahd ? Les questions demeurent tandis que les déclarations contradictoires s’accumulent du côté de Téhéran. Le régime islamique avait d’abord annoncé que le condamné à mort avait été exécuté le 28 octobre, avant d’indiquer, une semaine plus tard, le 5 novembre, qu’il était en fait mort en prison. «Jamshid Sharmahd a été condamné à mort, son exécution était imminente, mais il est mort avant qu’elle ne puisse avoir lieu», a assuré le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, à des journalistes à Téhéran.
«Nous ne croyons en rien de ce que disent les autorités iraniennes», a déclaré pour sa part à l’AFP dans la soirée Gazelle Sharmahd. «Nous n’avons jamais, jamais cru les mots d’un régime jihadiste, terroriste», a-t-elle ajouté. «Nous avons besoin de gouvernements qui font leur travail […]. Nous voulons des preuves venant d’une enquête indépendante menée hors de l’Iran.»
Jamshid Sharmahd, âgé de 69 ans, avait été condamné à mort en 2023 pour «corruption sur terre», la charge la plus grave du code pénal iranien qui entraîne généralement la peine capitale pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz (sud), qui avait fait 14 morts et quelque 300 blessés en avril 2008. L’annonce de son exécution avait provoqué une crise diplomatique avec Berlin, qui a rappelé son ambassadeur à Téhéran et fait fermer trois consulats iraniens sur le sol allemand.
«Où est le corps ?»
«Même si un étranger avait commis des crimes en Iran, nous aurions eu le droit de traiter cette affaire conformément à la législation», a souligné Asghar Jahangir, l’Iran ne reconnaissant de toute façon pas la double nationalité pour ses ressortissants. Jamshid Sharmahd avait émigré en Allemagne dans les années 1980 et a vécu à partir de 2003 aux Etats-Unis. Il s’était notamment illustré par des déclarations hostiles à la République islamique sur des chaînes satellitaires en persan. La justice iranienne lui reprochait également des contacts avec des «officiers du FBI et de la CIA» et d’avoir «tenté de contacter des agents du Mossad israélien».
L’Iran avait annoncé son arrestation en 2020 lors d’une «opération complexe», sans préciser ni où, ni comment, ni quand il avait été interpellé. Selon sa famille, Jamshid Sharmahd avait été enlevé par les services de sécurité iraniens lors d’un transit à Dubaï, avant d’être ramené de force en Iran.
«Toute cause de la mort – si elle est prouvée – de mon père, qui a été à l’isolement pendant 1 400 jours, relève d’un meurtre», a martelé sa fille. «S’il y a meurtre, il y a un corps donc où est le corps ?», a-t-elle insisté, en estimant que l’Allemagne et les Etats-Unis sont «complices» de ce «meurtre» et ne devraient pas se sentir «libre de leurs obligations».
Le directeur de Iran Human Rights (IHR), une ONG de défense des droits humains basée en Norvège, a lui aussi réclamé la lumière sur ce dossier. «Compte tenu du manque de transparence et des versions contradictoires de la justice, nous demandons des investigations indépendantes d’une délégation internationale, avec des médecins légistes», a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam.
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