Elections américaines
La nouvelle victoire du candidat républicain à la présidentielle américaine 2024 suscite de nombreuses réactions dans la classe politique française ce 6 novembre, entre prudence, inquiétude et réjouissance à l’extrême droite.
A peine le discours de Donald Trump achevé et avant l’officialisation de sa victoire à la présidentielle américaine en fin de matinée, Emmanuel Macron a été l’un des premiers chefs d’Etat à le féliciter ce mercredi 6 novembre peu avant 9 heures : «Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années», a-t-il écrit dans un court message publié sur X (ex-Twitter). Le chef de l’Etat français a poursuivi, en prenant soin de souligner auprès de celui qui avait déjà été son homologue de 2016 à 2020, que cette coopération se fera «avec vos convictions et avec les miennes». «Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité», a-t-il ajouté, dans un style sèchement télégraphique.
Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, a brandi sur RTL l’Europe comme «bouclier» au retour de Donald Trump à la Maison Blanche. «La solution de repli nationaliste n’est pas la réponse», a-t-elle martelé. «Sur un certain nombre de secteurs-clés, la défense, la réindustrialisation, la décarbonation, on doit prendre notre destin en main», a ajouté la macroniste historique, dans la droite ligne de la volonté européenne du chef de l’Etat depuis plusieurs années. Même solution avancée par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noel Barrot, au micro de France Info : «Il faut que l’Europe sorte de son complexe d’infériorité, qu’elle se réveille et qu’elle se muscle.»
De leur côté, les principales figures de la droite se terrent dans le silence en cette fin de matinée. Seule la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a dit «respecter» le choix des électeurs américains mais appelle à «nous préparer à nous armer économiquement et militairement pour relever les défis qui attendent désormais une Europe qui ne pourra plus s’en remettre automatiquement aux États-Unis», sur X.
A gauche, l’heure est à l’amertume et l’inquiétude. Comme beaucoup – à tout le moins à Libération -, Yannick Jadot s’est réveillé ce matin avec «une grosse gueule de bois», en découvrant «tous les pouvoirs fédéraux aux mains de Trump», a-t-il déploré sur X. Un résultat qui «nous menace tout autant», et doit inciter, implore le sénateur écologiste, les «progressistes ici et ailleurs, attachés à la démocratie, au progrès écologique et social» à «sérieusement [s’]interroger». Marine Tondelier entrevoit pour sa part un «enfer qui se profile». La secrétaire nationale des Ecologistes a aussi souhaité, dans un message sur X, «courage aux Américaines et aux Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump». Et plus globalement : «Courage à nous toutes et tous».
Raphael Glucksmann a évoqué sombrement une «catastrophe mondiale», un «cauchemar pour la démocratie, les droits humains», dans un message sur X. Désormais face à «l’un de ces moments de bascule qui façonnent l’Histoire», l’eurodéputé Place publique, proche du PS, a rappelé que «la démocratie n’est pas une donnée, c’est un combat».
«Leçons édifiantes»
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a analysé la réélection de Donald Trump comme une «conséquence imparable» de l’absence de gauche aux Etats-Unis. «Quand il n’y a plus de gauche, il n’y a pas de limite à droite. Quand il n’y a pas de bataille de programme, l’élection devient un casting», a développé le leader des insoumis sur X. Et de développer : «La France peut ouvrir un autre chemin. Un contre modèle. Non alignement, droit international, justice sociale, planification écologique».
Son bras droit, Manuel Bompard, a tiré trois «leçons édifiantes» de ce scrutin pour «éviter de nouvelles gueules de bois électorales» : «On ne bat pas l’extrême droite réactionnaire sans un projet alternatif clair. On ne mobilise pas le peuple sur une ligne néolibérale et sans ruptures sociales et géopolitiques. Les sondages n’ont jamais fait le résultat d’une élection», a écrit sur X le coordinateur national de LFI.
Diagnostique similaire pour François Ruffin sur X, selon qui il convient plus que jamais «de ne pas lier notre destin aux Etats-Unis, de protéger nos industries, nos économies». Pour l’ex-insoumis, «il nous faut une gauche qui, ici comme là-bas, ne peut gagner qu’en étant de gauche. En regagnant les cœurs populaires, les terres ouvrières».
Tout à sa stratégie de respectabilité, Marine Le Pen a sobrement souhaité ses «vœux de succès à Donald Trump», peu avant 10 heures sur X. «La démocratie américaine s’est clairement exprimée et les Américains se sont donné en toute liberté le président qu’ils ont choisi», a souligné la patronne du RN, espérant une «nouvelle ère politique» qui serait propice «au renforcement des relations bilatérales et à la poursuite d’un dialogue et d’une coopération constructive sur la scène internationale».
Moins timoré, Jordan Bardella voit dans cette «bataille électorale extraordinairement dure» remportée par Donald Trump un «réveil», qui doit enjoindre aux Français et aux Européens «de repenser notre rapport à la puissance et à l’autonomie stratégique. L’occasion aussi pour le président du Rassemblement national d’avancer ses idées dans sa publication sur X, notamment la «protection de nos intérêts et de nos identités».
Eric Ciotti, l’ex-chef du parti Les Républicains qui a rallié l’extrême droite, a pour sa part félicité le nouveau président des Etats-Unis avant même qu’il ne prenne la parole, saluant une «magnifique victoire du peuple américain contre un système. Un espoir pour la paix, une défaite des wokistes». Le député des Alpes-Maritimes voit en l’élection du candidat populiste, anti-immigration et sexiste, «un chemin pour les droites en France comme en Europe».
Mise à jour : à 11h34, avec l’ajout des réactions de Valérie Pécresse, Manuel Bompard, François Ruffin et Jordan Bardella. A 11h36 avec l’officialisation de la victoire de Donald Trump. A 11h44, avec la réaction de Jean-Luc Mélenchon.
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