:quality(70):focal(1711x2131:1721x2141)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/SBQCIYQHW5CCJPVCNXPJTX7QTQ.jpg)
L’édito de Paul Quinio
Libéré cet été après deux ans de détention, le dissident russe en exil entend fédérer tout ce que la diaspora compte d’opposants au Kremlin dans un mouvement international pour la paix et la liberté.
Historiquement, la comparaison n’a pas de sens, autre temps, autre pays, autre contexte, mais la lecture de l’entretien exclusif accordé à Libération par l’opposant russe Ilia Iachine convoque l’idée de «résistance extérieure». Condamné pour avoir publiquement dénoncé la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, emprisonné pendant deux ans, libéré cet été dans le cadre d’un échange historique de prisonniers entre la Russie et l’Occident, un peu malgré lui, Ilia Iachine est actuellement en «tournée» européenne, avec un objectif clair : fédérer ceux qu’ils appellent les «partisans», ces opposants au maître du Kremlin, en exil comme lui, dans un mouvement russe international pour la paix, contre la guerre, pour la liberté de la Russie.
Ancien collaborateur de Boris Nemtsov, assassiné en 2015 à Moscou, Ilia Iachine n’est pas n’importe qui. S’il refuse de se voir coller sur le front l’étiquette du successeur d’Alexeï Navalny, mort en février en prison, il occupe une place centrale sur l’échiquier compliqué de ce qu’il reste d’opposants à Vladimir Poutine. Il travaille notamment avec la veuve de Navalny, Ioulia Navalnaïa, ainsi qu’avec Vladimir Kara-Mourza, libéré en même temps que lui. «Vrai» homme politique – il a été député de Moscou –, Ilia Iachine dispose d’une solide culture du dialogue, pas inutile pour rassembler au-delà de ses cercles à lui. Il connaît aussi parfaitement son pays. Qu’en dit-il ? Que derrière les apparences d’une société pétrifiée par l’oppression ou soumise depuis trop longtemps à une propagande abrutissante, beaucoup de Russes s’opposent à la guerre en Ukraine, et qu’il existe un réel «potentiel» de contestation. Son pari ? Que la guerre finira par produire un tel mécontentement que la population se retournera politiquement contre le pouvoir en place. A ceux qui lui répliquent que l’on ne voit rien venir, Ilia Iachine répond qu’après Poutine, «la Russie sera toujours là», qu’il croit à un avenir démocratique pour son pays. Et qu’il fait tout, malgré l’exil, pour le préparer.
Leave a Comment