Exposition
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Le musée parisien consacre une exposition à l’artiste américain et à ses premières années de carrière, alors qu’il cheminait vers l’expressionnisme abstrait et qu’il était notamment sous l’influence du célèbre peintre espagnol.
Un jour, dans l’après-guerre, Matisse montre à Picasso et à sa femme Françoise Gilot des catalogues envoyés par son fils, Pierre, marchand d’art à New York. Il y a des reproductions de tableaux de Jackson Pollock, alors âgé de 35 ans. Celui-ci commence à pratiquer le dripping, cette technique consistant à projeter la peinture sur la toile posée au sol, sans attaches, comme un patient sur le divan soumis aux jets de l’inconscient. «J’ai l’impression que je suis incapable de juger ce genre de peinture, dit Matisse, pour la simple raison qu’on ne peut juger objectivement ce qui vient après soi. On sait apprécier les maîtres du passé, et même les contemporains. Parmi les jeunes, je comprends un peintre qui ne m’a pas totalement oublié, même s’il va au-delà de moi. Mais à partir du moment où il ne se réfère plus à ce qui, pour moi, est peinture, je ne le comprends plus.» Pour lui, il est difficile «de comprendre un style qui se situe au-delà de votre point d’arrivée. Quand nous nous manifestons, le mouvement de la peinture nous contient un moment, nous absorbe, et nous ajoutons peut-être un maillon à la chaîne. Puis, l’histoire se poursuit, nous dépasse, nous rejette, et nous ne comprenons plus». Il est poli, Matisse.
Picasso, qui ne l’est pas et qui ne se sent jamais dépassé par rien ni personne, prend son air sarcastique et répond : «Quelle sagesse ! C’est du bouddhisme de pacotille ! Je ne suis pas du tout d’accord, et je me moque de pouvoir juger ou non
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