Au cœur de la colère des agriculteurs, la Coordination rurale (CR) tente de prendre la tête du mouvement en adoptant une stratégie radicale. Le deuxième syndicat agricole espère ainsi ravir “un maximum” de chambres d’agriculture à la FNSEA, majoritaire lors des élections professionnelles de janvier.
“L’objectif de cette mobilisation est de récupérer un maximum de chambres et d’avoir du pouvoir à Paris, de peser dans la prise de décision”, explique Amélie Rebière, présidente de la CR en Corrèze et 3e vice-présidente nationale du syndicat.
Un scrutin crucial pour la CR
Ces élections professionnelles détermineront la gouvernance des chambres d’agriculture et le financement public alloué aux syndicats. Un scrutin décisif pour la CR, qui dirige actuellement trois chambres (Lot-et-Garonne, Vienne et Haute-Vienne) et estime pouvoir en “prendre 15 à 20”, selon Lionel Candelon, président de la CR dans le Gers.
La stratégie de la CR s’oppose à celle de la FNSEA. Le syndicat majoritaire privilégie des actions symboliques, mais surtout la mobilisation sur l’ensemble du territoire. La CR, moins ancrée, où l’autonomie des sections prime sur le terrain, vise plutôt à marquer les esprits par des actions spectaculaires.
Certains membres de la CR sont prêts à aller loin. Dans leur fief du Sud-Ouest, les “bonnets jaunes” affirment vouloir “provoquer le chaos” pour se faire entendre, établissant un barrage filtrant à la frontière espagnole, ciblant des centrales d’achat de la grande distribution ou bloquant le port de Bordeaux.
Au 31e congrès du syndicat à Chasseneuil-du-Poitou, dans la Vienne, le ton était conquérant et le mot d’ordre clair : “Organisez-vous pour renverser le pouvoir de la FNSEA”, a lancé mardi Christian Convers, secrétaire général du syndicat. Il a dénoncé la “cogestion” de l’agriculture entre la FNSEA et le gouvernement, qui n’a entraîné, selon lui, que la disparition de 100 000 fermes en dix ans en France, un “agricide” pour le syndicat.
Annie Genevard revient sur le terrain
Le combat est existentiel pour sa présidente Véronique Le Floc’h, qui a adopté mercredi le ton martial de ses troupes, appelant à “gagner le dernier assaut” lancé. “S’il faut, nous monterons jusqu’à l’Elysée, nous n’avons plus rien à perdre”, a-t-elle ajouté. Interrogée sur la suite du mouvement, elle a prévenu qu’il n’y aurait “pas de pause”, se démarquant à nouveau de la FNSEA qui prévoit une trêve à Noël.
Du côté du gouvernement, la ministre de l’Agriculture va tenter ce jeudi de contrecarrer cette escalade. Annie Genevard effectuera dans le Pas-de-Calais sa première visite sur le terrain depuis le retour des agriculteurs dans la rue lundi.
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