Au Sénégal, le pouvoir en position de force à l’Assemblée nationale pour appliquer son programme de « rupture »

## Sénégal : le Pastef d’Ousmane Sonko rafle la majorité à l’Assemblée nationale

Le parti du président Ousmane Sonko, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a remporté une victoire écrasante aux élections législatives anticipées du 17 novembre. Selon les résultats provisoires, le Pastef a obtenu 130 sièges sur 165, soit les trois quarts de l’Assemblée nationale.

### Un programme de “rupture”

Ce raz-de-marée offre au Premier ministre Sonko une latitude considérable pour mettre en œuvre son programme de “rupture”. Ce programme prévoit notamment une traque contre les enrichissements illicites sous les deux mandats de Macky Sall (2012-2024).

### Poursuites en vue

Sonko a multiplié les attaques contre les détournements de fonds publics et la gabegie financière révélés par des audits. Il a notamment promis des poursuites auprès de la Haute Cour de justice contre l’ancien président Sall, accusé d’avoir “falsifié” le déficit budgétaire et caché la dette publique.

### Dilemmes économiques

Le gouvernement doit toutefois faire face à des défis économiques urgents, notamment le vote du budget 2025. La majorité présidentielle envisage de réduire les dépenses publiques, notamment en supprimant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT).

### Le FMI dans l’équation

Le Fonds monétaire international (FMI) a suspendu le versement de son prêt de 1,9 milliard de dollars, en attendant la validation des chiffres du déficit public par la Cour des comptes. Sonko se trouve face à un dilemme : rogner sur les subventions énergétiques pour faciliter les décaissements du FMI ou maintenir ses promesses de justice sociale.

### Analyse

François Conradie, politologue chez Oxford Economics Africa, estime qu’il est peu probable que le gouvernement lance un plan d’austérité strict. Il pourrait plutôt opter pour une majoration des tarifs de l’électricité. Le FMI pourrait également se montrer moins intransigeant en raison du contexte géopolitique, le Sénégal étant un pays à ménager pour les Occidentaux en Afrique de l’Ouest.Le Monde