Le 28 septembre 2024, plus de 10 000 personnes défilent en silence dans les rues de Mestre, ville voisine de Venise. Cette marche rend hommage à Giacomo Gobbato, 26 ans, surnommé Jack, poignardé à mort quelques jours plus tôt alors qu’il défendait une femme victime de vol.
Tout au long du parcours, les habitants applaudissent le cortège depuis leurs fenêtres. Après le drame, des Vénitiens en colère se sont rassemblés pour imaginer une ville différente.
Ces dernières années, les vols et les incidents violents liés au trafic de drogue n’ont cessé d’augmenter à Mestre. L’héroïne fait des ravages, touchant des consommateurs de plus en plus jeunes. Venise est, avec Rome, la ville italienne qui compte le plus de morts par overdose.
Sentiment d’abandon
Parallèlement, alors que le surtourisme s’étend sur la Vénétie, entraînant une spéculation immobilière et une augmentation des loyers, des quartiers entiers de la ville se vident d’une partie de leurs résidents. Pour illustrer cette saignée démographique, l’artiste Freak of Nature a peint il y a deux ans les devantures de tous les magasins vacants au centre de Mestre, soit près de 150 vitrines.
Dans les rues désertées et les immeubles désaffectés, les Vénitiens encore présents vivent avec un sentiment d’abandon et parfois de peur.
Le maire conservateur Luigi Brugnaro a toujours placé la sécurité au cœur de ses campagnes électorales. Après l’assassinat de Giacomo Gobbato, il a continué à réclamer au ministre de l’intérieur l’envoi de soldats pour des opérations de maintien de l’ordre.
Mais l’approche purement répressive suivie par son administration depuis neuf ans, assortie de sérieuses coupes budgétaires dans les services sociaux, n’a pas produit les résultats escomptés.
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