La Fouine, le rappeur originaire de Trappes, a bien changé. Il nous donne désormais rendez-vous dans l’établissement cinq étoiles de l’Hôtel Costes, dans le 1er arrondissement de Paris. Dans les années 2000, il préférait nous indiquer un kebab ou un square où il avait l’habitude de retrouver ses amis le soir.
Reconnaissable à sa barbichette tressée comme celle d’un pharaon, il arrivait alors dans sa citadine, un tube de Lorie à fond sur l’autoradio, “Je serai (ta meilleure amie)”.
Laouni Mouhid, de son vrai nom, s’était surnommé La Fouine en raison de sa silhouette longiligne. Il n’avait pas peur du ridicule et jouait constamment le décalage, assumant son goût pour la variété. Dans ses raps, il racontait ses années de petit délinquant dans “Du ferme”, appelait à relever la tête dans “Hamdoulah ça va”, rêvait d’une vie rangée auprès de sa dulcinée dans “Tombé pour elle” ou “Ma meilleure”.
Avant Soprano, Gims, Disiz ou Damso, il savait que le rap deviendrait la nouvelle variété française en chantant les refrains autant qu’en les rappant. Sa “variété de banlieusard”, comme il l’appelait, lui a d’abord valu des moqueries, puis très vite le respect de ses pairs lorsque les disques de platine se sont accumulés.
Assagi
Une quinzaine d’années plus tard, cette reconnaissance est toujours d’actualité. Le 25 avril, La Fouine faisait son retour sur la scène du Théâtre du Châtelet pour la cérémonie des Flammes, qui récompense les artistes rap, dancehall et R’n’B. Accompagné de violonistes, il proposait alors un medley de ses anciens succès. Dans la foulée, il programmait pour avril 2025 deux concerts complets à l’Accor Arena, à Paris, et publiait, le 22 novembre, “Capitale du Crime Radio”, un nouvel album avec la jeune génération du rap.
La Fouine fait donc son grand retour, complètement transformé. Le jeune fou jovial, qui avait des allures de grand dadais avec son mètre quatre-vingt-dix-huit, est devenu une baraque imposante, digne des champions de MMA. La barbe bien taillée, le quadragénaire a doublé de carrure et semble complètement assagi. Dans l’un des salons du Costes, les copains de Trappes sont toujours là et accompagnent sagement Laouni dans sa reprise du travail.
Au milieu des années 2010, La Fouine a disparu des écrans radars.
Meurtri par un clash sur Internet avec son ancien ami le rappeur Booba, avec qui il avait enregistré le duo “Reste en chien”, le Francilien est parti vivre aux États-Unis. La joute verbale était sortie du domaine artistique. En 2013, les deux rappeurs en sont venus aux mains, filmés en train de se bagarrer dans le parking de leur résidence commune, à Miami. La même année, La Fouine essuyait même des tirs en rentrant chez lui après une soirée où il venait de lancer son cinquième album, “Drôle de parcours”. Un an plus tard, l’affaire sera classée sans suite.
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