**Grand Tour, le nouveau film de Miguel Gomes**

En 1918, Edward Abbott, un jeune fonctionnaire britannique en poste à Rangoun, apprend que Molly, à qui il est fiancé depuis huit ans, prévoit de le rejoindre. Il décide de partir pour un périple qui le mènera de la Birmanie à la Chine, en passant par les Philippines, le Japon et le Vietnam.
Molly, refusant de croire qu’il s’est enfui pour échapper au mariage, part à sa recherche en suivant méticuleusement ses traces dans les endroits où celui-ci est passé. Chaque trajet est ponctué, pour les deux Occidentaux, de rencontres imprévues.
Le scénario est adapté d’une nouvelle de Somerset Maugham, un récit teintée d’ironie mélancolique sur un fond de colonialisme.
Puzzle conceptuel
Grand Tour est un mélange de sensations, un trip géographique et mental, un puzzle conceptuel. A mi-parcours, le récit nous ramène en arrière en changeant son personnage principal, passant de l’homme en fuite à la jeune femme obstinée, de l’échappée à la quête, du présent au passé.
En alternant le noir et blanc et la couleur, les séquences en studio et celles filmées sur les lieux mêmes qu’auraient traversés les protagonistes, le cinéaste bricole un objet filmique volontairement déroutant.
Les périples effectués par Edward Abbott et Molly sont narrés par diverses voix off, chacune avec sa musicalité propre, dans la langue du pays traversé. Le spectateur est ainsi sommé de faire un tour sur la petite grande roue des sentiments irréconciliables des personnages.
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