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Polémique
Plusieurs associations dénoncent ce jeudi 28 novembre l’offensive droitière contre le futur programme d’éducation à la sexualité. La ministre de l’Education, Anne Genetet, a défendu pour sa part un programme «adapté à tous les âges», précisant que «la théorie du genre n’existe pas».
«Des informations mensongères» et «dangereuses» : plusieurs organisations, comme le Planning Familial et la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), ont dénoncé ce jeudi 28 novembre la fronde conservatrice en cours contre le futur programme d’éducation à la sexualité. Insistant sur son rôle «essentiel» de ce projet dans la lutte contre les violences sexuelles, la Ciivise dénonce «des voix isolées mais véhémentes [qui] se font entendre pour attaquer ce programme et le vider de son contenu, voire pousser le gouvernement à y renoncer».
Cette prise de position survient après la prise de parole du ministre délégué LR Alexandre Portier mercredi au Sénat. Appuyant l’offensive d’organisations conservatrices lancées depuis plusieurs mois, le ministre délégué à la Réussite scolaire a estimé que le projet de programme, qui doit être présenté mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), n’était «en l’état pas acceptable». Il s’est notamment engagé à ce que «la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles» et que les notions abordées soient «appropriées» à l’âge des élèves.
«Jamais», insiste la Ciivise dans son communiqué, «le besoin d’instruire les enfants de manière progressive et ajustée à leur âge et de leur permettre de comprendre les enjeux de la vie affective et relationnelle, de l’intimité, du consentement, n’ont été plus évidents et consensuels».
Même indignation au sein du collectif «pour une véritable éducation à la sexualité», mis en place en 2022 et qui compte dans ses rangs Le Planning Familial, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) ou encore Sidaction. Ces associations dénoncent «l’usage de rhétoriques mensongères des mouvements anti-droits issus de l’extrême droite visant à empêcher l’aboutissement de ce projet essentiel». «Bénéficier d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, permet d’apprendre le respect de soi et des autres, d’appréhender le consentement, de lutter contre les stéréotypes et toutes formes de violences», ajoutent-elles. «En pleine actualité du procès Pélicot, la nécessité de mettre en œuvre une éducation permettant de prévenir les violences et de mieux repérer les victimes ne devrait plus être à démontrer.»
«La théorie du genre n’existe pas»
Après la déclaration d’Alexandre Portier, la ministre de l’Education Anne Genetet, qui porte le programme, a affirmé que le terme «identité de genre», qui était pourtant présent dans le texte selon l’équipe de la ministre lundi, «ne figurera pas» dans la version définitive. En déplacement ce jeudi matin dans un lycée de Marcq-en-Baroeul (Nord), la ministre LR a cherché à éteindre l’incendie, en affirmant notamment que «la théorie du genre n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans le programme». Ce programme «est très clair», «progressif», «adapté à tous les âges» et «permet d’apprendre des notions fondamentales comme le respect, comme le consentement, savoir dire non, ce que c’est qu’une fille, ce que c’est qu’un garçon», a-t-elle poursuivi.
Interrogé jeudi au côté de la ministre de l’Education à Marcq-en-Baroeul, Alexandre Portier a balayé le sujet, tout en affirmant ne pas «retirer un seul mot» de ses précédentes déclarations. «Il n’y a qu’une seule ligne, c’est celle du ministère», a rétorqué Anne Genetet, défendant «un programme qui puisse soutenir, accompagner nos enseignants, qui soit totalement clair et transparent».
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La «théorie du genre» est l’expression utilisée par une frange conservatrice de la société qui s’inquiète des études et enseignements ouvrant à une perception nuancée des différences entre les sexes. La polémique sur une prétendue «théorie du genre» enseignée à l’école française avait été virulente en 2014, portée par des mouvements conservateurs proches des opposants au mariage homosexuel et parfois de l’extrême droite.
Selon le ministère des Solidarités, 160 000 enfants sont victimes d’incestes et de violences sexuelles chaque année, soit un enfant toutes les trois minutes. Pour rappel, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est obligatoire depuis 2001 dans les établissements scolaires mais dans les faits peu appliqués.
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