
Livre. « La morale catholique favorise-t-elle la violence sexuelle ? », s’interroge Matthieu Poupart dans le sous-titre du Silence de l’agneau (Seuil, 176 pages, 19 euros), qui ambitionne de répondre à cette question sous-estimée par les responsables de l’institution ecclésiale.
Fondateur du collectif Agir pour notre Eglise, il fut membre de l’un des groupes de travail mandatés par l’Eglise de France, en 2022, pour réfléchir aux suites à donner à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, aux côtés de différents experts (en sciences humaines et sociales, en psychiatrie, en théologie…).
Dévoiement des textes
Remarquable de pédagogie et de synthèse, ce court ouvrage plonge dans plusieurs siècles de morale sexuelle catholique, afin de comprendre comment celle-ci a pu entraver la prévention des agressions, la sanction des prédateurs et, plus encore, l’écoute des victimes.
Matthieu Poupart montre comment s’est construit un discours accusant les victimes de ne pas avoir su préserver leur vertu ni « protéger » leurs agresseurs de leurs « faiblesses ». Ce discours a été aveugle aux mécanismes d’emprise et aux abus de pouvoir, érigeant l’homosexualité ou la masturbation en des vices au moins aussi répréhensibles que le viol, terme que certaines figures catholiques sont même « incapables de prononcer », surtout s’il est conjugal.
Matthieu Poupart dénonce un dévoiement des textes sacrés et de la tradition chrétienne, qui contiennent, selon lui, des « trésors » pour comprendre les mécanismes menant à la violence sexuelle.
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