Les îles Lofoten, connues pour leurs paysages à couper le souffle et leur mer cristalline, font face à un problème inattendu : les excréments humains.
En juillet 2023, des bénévoles ont collecté 40 litres d’excréments abandonnés par des randonneurs dans les parcs naturels de l’archipel. Ce n’est qu’un exemple des conséquences de l’essor du tourisme dans certaines régions de Norvège, où les habitants se plaignent de camping-cars garés n’importe comment, de déchets laissés par les campeurs et d’écosystèmes menacés.
Pour remédier à ce problème, la ministre du Commerce, Cecilie Myrseth, a proposé la mise en place d’une taxe de séjour. Son montant pourra être fixé par les communes, dans la limite de 5 % du prix de l’hébergement. Selon la ministre, si toutes les municipalités l’avaient imposée en 2023, elles auraient collecté ensemble 1,5 milliard de couronnes (130 millions d’euros) sur l’année. Cette somme pourrait être utilisée “pour aider à financer les biens publics utilisés par les touristes et les habitants”, a déclaré Mme Myrseth.
Deux phénomènes ont contribué à la popularité croissante de la Norvège : la chasse aux aurores boréales, qui attire des touristes du monde entier en hiver, et les “coolcations” en été, pour les vacanciers en quête de fraîcheur. La faiblesse de la couronne norvégienne n’a fait qu’accélérer le mouvement.
Si les chiffres restent encore modestes – 5,65 millions de visiteurs étrangers en 2023 -, ils ne cessent d’augmenter. Surtout, la pression se concentre sur quelques régions. Les îles Lofoten, par exemple, où l’été, environ 4 000 personnes par jour gravissent la montagne de Reinebringen, qui offre une vue imprenable sur les fjords et les vallées glaciaires emblématiques. Mais aussi, Tromso, municipalité de 78 000 habitants, où viennent accoster d’immenses bateaux de croisière, tels que le Queen-Mary 2 (2 600 passagers), qui y était le 6 novembre.
Cependant, selon l’Association norvégienne de l’hôtellerie, la taxe de séjour proposée par le gouvernement ne résoudra rien. Surtout, elle risque de pénaliser les Norvégiens, à l’origine de deux tiers des réservations dans les hôtels et autres formes d’hébergement. Selon Kristin Krohn Devold, directrice de l’association, les problèmes causés par le surtourisme “auraient pu être résolus par des mesures ciblées, telles qu’une taxe de débarquement pour les croisières, des règles plus strictes pour le stationnement des camping-cars le long de la route, une augmentation des frais de stationnement et des toilettes payantes”.
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