La Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a condamné dimanche 1er décembre la dispersion par la force des manifestations pro-européennes en Géorgie pour la troisième nuit consécutive.
« Il est clair que le recours à la violence contre des manifestants pacifiques n’est pas acceptable et que le gouvernement géorgien doit respecter la volonté du peuple géorgien », a déclaré Mme Kallas lors d’une visite à Kiev, en Ukraine, au premier jour de son mandat. Cette situation aura « clairement des conséquences » sur les relations entre Tbilissi et Bruxelles, a-t-elle averti.
Des « options » ont, selon elle, été proposées aux 27 États membres de l’UE quant à la manière de réagir, y compris par des sanctions. « Mais, bien sûr, nous devons parvenir à un accord », a ajouté la diplomate estonienne.
La Géorgie est dans la tourmente depuis les élections législatives du 26 octobre remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais contestées par l’opposition pro-européenne, qui accuse le gouvernement de dérive autoritaire prorusse.
Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Tbilissi et d’autres villes du pays, ces trois dernières nuits, pour protester contre le report à 2028 des négociations d’adhésion à l’UE, annoncé jeudi par le gouvernement.
« La seule institution légitime du pays »
Les forces de l’ordre, qui ont procédé à plus de 150 interpellations, les ont dispersés à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogène. Plusieurs dizaines de policiers ont été blessés par des projectiles et des pétards. Le gouvernement géorgien accuse de son côté Bruxelles de « chantage », mais assure toujours vouloir adhérer à l’UE à l’horizon 2030.
Dans une allocution prononcée samedi, la présidente pro-européenne, Salomé Zourabichvili, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques, a déclaré que le Parlement n’avait aucune légitimité pour désigner son successeur et a promis de rester à son poste à l’issue de son mandat, qui se termine cette année. Elle juge que les législatives remportées avec près de 54 % des voix par Rêve géorgien, le parti emmené par l’homme d’affaires Bidzina Ivanichvili, ont été entachées de fraudes.
« Tant qu’il n’y aura pas de nouvelles élections et un Parlement qui élira un nouveau président selon de nouvelles règles, mon mandat se poursuivra », a déclaré Salomé Zourabichvili, dans un entretien exclusif accordé à l’Agence France-Presse (AFP). « Personne en dehors de la Géorgie, parmi nos partenaires démocratiques, n’a reconnu les élections », souligne la présidente qui se présente comme la « seule institution légitime du pays ».
Le Parlement nouvellement élu a, lui, annoncé qu’il élirait le prochain président le 14 décembre et que son investiture pour un mandat de cinq ans aurait lieu le 29 décembre.
Après les législatives, un groupe d’observateurs géorgiens a déclaré avoir des preuves de fraudes électorales à grande échelle. L’UE a exigé une enquête sur ce qu’elle a qualifié de « graves » irrégularités.
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