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Des fêtards au sol ou les mains sur la tête malmenés par des hommes en uniforme de police et du FSB ont été filmés dans différents clubs de Moscou. Mais contrairement à ce qu’affirment nombreux commentateurs sur les réseaux, le but revendiqué de l’opération serait en fait la lutte contre «l’idéologie LGBT», criminalisée dans le pays.
Différents relais pro-ukrainiens, dont le compte coutumier du partage de fausses informations Igor Sushko dans un post dépassant les 10 millions de vues, ont partagé ce week-end des vidéos d’opérations des forces du régime russe opérant dans différentes boîtes de nuit de Moscou. On y voit des personnes plaquées au sol, ou attendre assises, les mains derrière la tête, alors que des hommes en uniforme arpentent la salle. Certains comptes comme Igor Sushko décrivent la scène comme une mobilisation forcée, mais le contexte rapporté par la presse russe et les canaux Telegram sérieux semble plutôt être la répression de minorités sexuelles et de genre, que la Russie désigne comme étant «l’idéologie du mouvement LGBT».
Le raid, qui a eu lieu dans la nuit du vendredi 29 novembre au samedi 30 novembre, est initialement rapporté par différents canaux Telegram russes comme Baza ou Shot, puis repris par des titres de presse comme le très sérieux média d’opposition Meduza. L’opération policière a été menée dans trois clubs de Moscou : Arma, Mono et Inferno. Un quatrième, Simach, évoqué par certains, nie avoir été touché. Le club Arma, anciennement Matador, était déjà au centre d’une autre polémique fin-2023 après une soirée dénudée organisée dans l’établissement par l’élite moscovite.
Last night, law enforcement officers conducted raids in Moscow’s clubs. The video shows ‘Mutabor’ (now called Arma). It is reported that visitors spent several hours on the floor.
TASS, citing the press service of the Moscow Ministry of Internal Affairs, stated that the raids in… pic.twitter.com/FSaSDKf0fj
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) November 30, 2024
D’après un communiqué diffusé dès samedi matin sur le site du ministère de l’Intérieur et consulté par CheckNews, l’opération menée par la police et le FSB (services de sécurité intérieure de Russie, héritiers du KGB) au club Inferno (qui n’est pas explicitement mentionné dans le message) visait à «identifier les activités illégales» du club. Toujours d’après le communiqué, l’établissement «promouvait l’idéologie du mouvement LGBT, qui est bannie en Fédération de Russie» et vendait de l’alcool sans licence. La police affirme également avoir trouvé et saisi des armes lors de son intervention.
«Fêtes trans et LGBT interdites»
Les deux autres clubs ne sont pas désignés, mais d’après l’agence de presse d’Etat russe, TASS, qui cite des agences régaliennes, ce sont bien des contrôles pour les mêmes raisons qui ont eu lieu à Arma et Mono après des «plaintes de résidents». Certains titres relèvent un post Telegram fait le 8 novembre par une représentante municipale locale, Ita Cherkesova, qui avait publiquement dénoncé l’organisation de «fêtes trans et LGBT interdites» à Inferno, photos de drag-queens à l’appui.
D’après le canal Telegram Baza, qui livre un récit détaillé de l’opération de police qui a eu lieu à Arma, les contrôles de police se seraient plutôt concentrés sur l’usage de stupéfiants, pour lequel «des douzaines de personnes» auraient été arrêtées. Différentes photos et vidéos, qu’il est difficile d’authentifier, sont partagées comme montrant différents stupéfiants qui auraient été saisis.
Dans une vidéo géolocalisée par CheckNews, on voit le début de la perquisition menée dans le club Inferno, filmée par une personne qui accompagne les agents russes. Les hommes et les femmes présents dans l’établissement sont mis à terre, certains sont frappés ou menacés. Un homme en uniforme oblige un homme en sous-vêtements à écarter les cuisses, avant de faire fonctionner une matraque électrique à quelques centimètres de son entrejambe. D’autres photos, diffusées sur des canaux nationalistes, montrent le visage de deux des hommes visibles au sol dans la vidéo, mais aussi le contenu du téléphone de l’un des deux, visible aux côtés d’un autre homme torse nus. Des procédés qui cherchent visiblement à humilier et à «outer» (révéler publiquement l’homosexualité) de ces personnes. Ces opérations ont eu lieu un an jour pour jour après l’interdiction par la Cour suprême russe du mouvement «international» LGBT + ainsi que de toutes ses «filiales» dans le pays pour «extrémisme», le 30 novembre 2023.
Un traitement différencié en fonction du genre
La police aurait-elle pu profiter de ce raid pour convoquer des jeunes hommes présents sur les lieux ? Ce type d’opérations existent, en témoigne celle qui a eu lieu il y a quelques jours dans les dortoirs du conservatoire de Moscou. Mais ici, CheckNews n’a pas réussi à déterminer précisément l’ampleur et la nature précise de la manœuvre.
Lors des opérations menées dans les clubs, différents témoignages recueillis par la presse mentionnent un traitement différencié en fonction du genre pendant l’opération de police, notamment le fait que les femmes aient été relâchées avant les hommes. Mais la seule mention de convocations aux bureaux de mobilisations qui auraient été délivrés à certaines «jeunes personnes directement dans les locaux du club» est rapportée par Novaya Gazeta, qui ne donne aucun détail.
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