Femmes en exil : face aux violences de leur parcours, agissons avec détermination

Femmes en exil : face aux violences de leur parcours, agissons avec détermination

Главная страница » Femmes en exil : face aux violences de leur parcours, agissons avec détermination
Confidences : l’intimité à corps et à crisdossier

Le Groupe SOS, acteur majeur de l’économie sociale et solidaire, appelle à une meilleure prise en compte des femmes et filles contraintes de fuir leur pays.

par Christine Rouzioux, présidente du Groupe SOS, professeure émérite de virologie, Chékéba Hachemi, militante internationale pour les droits des femmes, fondatrice de l’ONG Afghanistan Libre et de l’ONG Stand Speak Rise Up! et Gaëlle Tellier, vice-présidente du Groupe SOS en charge des Solidarités

Chaque année, des millions de femmes fuient leurs pays contraintes par des conflits armés, des persécutions ou des catastrophes climatiques amenés à se multiplier. Si l’exil est en soi une épreuve, il devient pour les femmes un chemin semé d’agressions, de viols et de traumatismes, souvent tus ou minimisés. Ces violences, pourtant, sont au cœur des enjeux humanitaires et politiques actuels. Comprendre ces mécanismes est indispensable pour agir efficacement.

Des chiffres glaçants : la réalité des violences en exil

D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de la moitié des personnes en déplacement forcé sont des femmes et des filles. Parmi elles, une sur trois subit des violences sexuelles au cours de son parcours migratoire.

Ces violences ne relèvent pas de faits isolés. Le viol est fréquemment utilisé comme une arme de guerre, prolongeant les souffrances des victimes au-delà des frontières qu’elles traversent. Sur plusieurs continents, des milliers de réfugiées dénoncent des violences perpétrées non seulement par des groupes armés, mais aussi, parfois, par ceux qui devraient les protéger. En Afghanistan, la répression des femmes sous le régime taliban les contraint à fuir pour affronter sur les routes de l’exil des violences redoublées. Dans ces contextes, les femmes deviennent les premières cibles de ces atrocités.

Des conséquences physiques et psychologiques

Les violences sexuelles ont des conséquences sur le long terme, au-delà du traumatisme immédiat. Beaucoup de victimes souffrent de lésions physiques, de maladies sexuellement transmissibles ou de grossesses non désirées. Sur le plan psychologique, les répercussions sont profondes : dépression, syndrome de stress post-traumatique, perte d’estime de soi. Sur le plan social, de trop nombreuses femmes victimes sont rejetées par leurs familles et communautés, forcées à vivre en marge de la société.

Malgré l’ampleur de ces traumatismes, les dispositifs d’aide restent insuffisants. Selon Médecins sans frontières, moins de 10 % des femmes ayant subi des violences en exil accèdent à des soins spécialisés. Les tabous culturels, la stigmatisation et le manque de ressources contribuent à ce silence.

Le manque d’hébergements sûrs pour les femmes exilées aggrave leur vulnérabilité. Beaucoup dorment dans des camps non sécurisés ou dans la rue, où le risque d’agressions est accru. Par ailleurs, l’accès aux droits reste un parcours du combattant : procédures administratives complexes, barrières linguistiques et absence de soutien juridique. Sans papiers, ces femmes sont piégées dans une invisibilité qui les prive de toute protection.

Cette réalité est amplifiée par l’absence de mécanismes de protection adaptés. Les femmes en exil forcé sont souvent exposées à des environnements dangereux où les dispositifs de sécurité et de surveillance font défaut. Dans certains contextes, les systèmes de plainte eux-mêmes sont défaillants, rendant quasi impossible la dénonciation des abus. Cette impunité systémique renforce les cycles de violences, laissant les victimes seules face à leur détresse et leurs agresseurs.

Nos propositions : agir pour protéger

Face à ce constat accablant, nous, acteurs de terrain, formulons plusieurs propositions concrètes pour mieux protéger ces femmes.

1. Créer des espaces sécurisés dans les centres d’accueil, avec des zones réservées aux femmes et à leurs enfants, où elles puissent dormir, se nourrir et se laver en toute sécurité.

2. Renforcer les dispositifs de santé mentale et sexuelle, avec des équipes pluridisciplinaires formées aux traumatismes spécifiques des femmes en exil. Il est crucial de leur offrir un accompagnement médical et psychologique adapté.

3. Faciliter l’accès aux droits et à la justice, en proposant des interprètes, des assistantes sociales et des avocats et avocates spécialisés pour accompagner les démarches administratives et juridiques.

4. Accompagner à la réinsertion économique.

5. Sensibiliser et former les acteurs de l’accueil (ONG, forces de l’ordre, fonctionnaires…) à la question des violences de genre pour que chaque interaction avec ces femmes devienne une opportunité de les protéger, et non un risque supplémentaire.

Les violences faites aux femmes en exil ne sont pas une fatalité. Elles sont le produit de systèmes de domination et d’une indifférence coupable de la part des décideurs politiques. Pour que ces femmes retrouvent leur dignité et leur sécurité, il est impératif d’agir, et vite.

En protégeant les femmes exilées, c’est notre humanité que nous défendons.

Le Groupe SOS, en collaboration avec l’ONG Stand Speak Rise Up !, organise le vendredi 6 décembre 2024, de 14 heures à 20 heures, une journée dédiée à l’accompagnement des femmes en situation d’exil. Plus d’informations ici.

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Добавить комментарий

Ваш адрес email не будет опубликован. Обязательные поля помечены *

«Disco», phare à facettes majeures

Difficile d’échapper ces derniers temps au YMCA sur lequel Trump gigote à tout bout de champ. Ironie de l’histoire : devenu depuis longtemps un standard du type Danse des canards,…