Quelle place pour Les Républicains (LR) dans le gouvernement « d’intérêt général » appelé de ses vœux par le président de la République ? Alors qu’Emmanuel Macron doit nommer « dans les prochains jours » le successeur de Michel Barnier comme premier ministre, la droite s’interroge sur les conditions d’une participation à un prochain gouvernement si le nouveau locataire de Matignon n’était pas un LR.
Lors d’une réunion organisée jeudi après-midi 5 décembre en visioconférence, les députés du groupe Droite républicaine (le nom des LR à l’Assemblée nationale) ont adopté à l’unanimité le principe de ne « pas censurer automatiquement » un gouvernement élargi à des personnalités socialistes hors Nouveau Front populaire (NFP). Plus tôt dans la matinée, Laurent Wauquiez fixait la ligne : celle de la « responsabilité » : « On ne fera pas tomber le gouvernement, on ne fera pas ce qu’a fait Marine Le Pen », déclarait le président de groupe sur France 2.
Avec Michel Barnier à Matignon, la droite avait retrouvé le pouvoir. Un pouvoir éphémère et partagé avec les macronistes. « Notre engagement en septembre ne valait que pour Michel Barnier », prévenait M. Wauquiez devant ses députés mardi. Révélée par Le Figaro, la phrase a été diversement appréciée au sein du groupe. Loin des micros, certains jugeaient la sortie de leur chef prématurée, avec le risque d’acter le principe d’un soutien sans participation. En réalité, il ne s’agit pas de fermer les portes à une saison 2 du « socle commun » mais d’en poser les conditions. « On arrivera avec nos demandes précises, résume Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe et député du Val-de-Marne. On veut être sur le fond plutôt que sur le concours des personnes. »
La « ligne rouge » d’une alliance avec les « insoumis »
Mais certains noms font tiquer dans les rangs, en particulier celui de François Bayrou. Le président du MoDem reste l’homme de l’appel à voter pour François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012. « On est ouvert à la discussion, mais [François] Bayrou ça risque d’être très compliqué pour nous », avance l’élu du Territoire de Belfort Ian Boucard.
Malgré les rancœurs du passé et les divergences en matière d’immigration, Bruno Retailleau ne ferme pas la porte à prolonger sa mission comme ministre de l’intérieur dans un gouvernement Bayrou. « Force est de constater qu’il n’a jamais soutenu la droite lors des dernières présidentielles. Mais je reconnais aussi qu’il n’a jamais pactisé avec le NFP », déclare le Vendéen au Figaro. « Notre ligne rouge sera la participation de socialistes élus grâce à une alliance avec les “insoumis” », disait-on mercredi dans l’entourage du ministre démissionnaire.
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