Malgré un moratoire international, l’Islande va autoriser la chasse à la baleine jusqu’en 2029

Malgré un moratoire international, l’Islande va autoriser la chasse à la baleine jusqu’en 2029

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Seul pays avec la Norvège et le Japon à la tolérer, l’île a permis jeudi 5 décembre à deux de ses baleiniers de poursuivre cette pratique controversée pour les cinq prochaines années.

L’Islande va rester dans le cercle très fermé des pays à autoriser la chasse à la baleine. En plus de la Norvège et du Japon, deux territoires sur lesquels cette pratique est encore tolérée, le pays nordique a laissé deux de ses baleiniers continuer de chasser cette espèce pour les cinq prochaines années, ce jeudi 5 décembre.

L’arrestation fin juillet au Groenland du défenseur américano-canadien des baleines Paul Watson a remis en lumière cette pratique, objet d’un moratoire depuis 1986 qui reste défié par trois pays, donc, tuant chaque année autour de 1 200 baleines, selon la Commission baleinière internationale (CBI).

En Islande, le permis de chasse autorise la poursuite de 209 rorquals, une espèce de baleine, par an – dont 48 dans une zone qui n’est pas fréquentée des pêcheurs – et de 217 baleines de Minke, aussi appelées petits rorquals, par saison. Cette dernière s’étend de mi-juin à septembre, a annoncé le gouvernement, démissionnaire après avoir perdu les élections législatives samedi 30 novembre. Les rorquals communs sont par ailleurs considérés comme «vulnérables» par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Traditionnellement délivré pour cinq ans, le permis était arrivé à échéance en 2023 et le seul baleinier actif, Hvalur, demandait chaque année une prolongation annuelle, qui lui était accordée tardivement dans la saison. L’autre baleinier, Tjaldtanga ehf, est autorisé à chasser la baleine de Minke. Mais aucune prise n’a été enregistrée depuis l’été 2018 : les propriétaires du navire jugent l’activité trop coûteuse.

«La gestion de l’utilisation des ressources marines vivantes en Islande est soumise à des limites strictes», assure le ministère de la Pêche et de l’Alimentation dans son communiqué alors que la majorité de la population est opposée à cette pratique. En 2023, 51 % des Islandais étaient en effet contre la chasse à la baleine, une hausse de neuf points sur quatre ans, selon une enquête réalisée par l’institut Maskína et publiée début juin 2023. Longtemps prisée des Islandais, la viande de baleine a notamment beaucoup moins la cote dans leurs assiettes. L’économie de l’île nordique compte désormais beaucoup sur son industrie touristique. Les excursions d’observation des cétacés géants rencontrent beaucoup de succès.

Des harpons explosifs utilisés pour chasser les baleines

L’an dernier, le pays avait suspendu la chasse à la baleine pendant deux mois à la suite d’une enquête du gouvernement, qui a conclu que les méthodes utilisées n’étaient pas conformes aux lois sur le bien-être animal. Les contrôles effectués par l’agence vétérinaire publique ont démontré que les harpons explosifs utilisés par les chasseurs provoquaient des agonies de plusieurs heures.

Le gouvernement avait ensuite autorisé la reprise de la chasse avec des restrictions sur les méthodes utilisées et la présence d’inspecteurs officiels à bord, filmant chaque prise de cétacé. La saison 2023 n’avait duré que trois semaines, avec la prise de seulement 24 rorquals communs, sur un quota de 209 possibles.

Les associations écologistes se sont insurgées face à cette décision prise par un gouvernement censé gérer les affaires courantes. «La démocratie n’est pas respectée et la délivrance du permis porte atteinte aux intérêts du climat, de la nature et du bien-être des animaux», ont protesté dans un communiqué commun l’association islandaise de l’environnement et les Jeunes environnementalistes. La dernière estimation effectuée en 2015 par le Marine and Freshwater Research Institute islandais recense quelque 35 000 rorquals communs dans les eaux entre l’est du Groenland et l’ouest de l’Islande.

Témoignage

Au Groenland, territoire autonome danois, le militant Paul Watson est en détention provisoire depuis le 21 juillet dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon liée à son combat pour les baleines. Le Japon, qui a relancé une demande émise en 2012 via une notice rouge d’Interpol, l’accuse d’être coresponsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd. Le pays du soleil levant qui a quitté la Commission baleinière internationale (CBI) en 2018, semble déterminé à poursuivre la pratique. Il a lancé au printemps un nouveau navire baleinier et ajouté le rorqual commun à sa liste de proies possibles.

Libération

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