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C’est une nouvelle interdiction pour les femmes, dans un pays où leur simple existence dérange. Des responsables d’écoles de santé d’Afghanistan ont annoncé mardi 3 décembre avoir été informés que leurs établissements ne pourraient plus accueillir de femmes dans un délai de dix jours, sur ordre du guide suprême Hibatullah Akhundzada.
Le lendemain, l’ONU a appelé le gouvernement taliban à revoir son projet d’exclusion des femmes des écoles d’infirmières et de sages-femmes, alors que les Afghanes sont déjà bannies des universités. «Si mise en œuvre, ladite directive restreindra encore davantage les droits des femmes et des filles à l’éducation et leur accès aux soins de santé», s’est alarmée la Mission d‘assistance des Nations unies pour l’Afghanistan (Unama), qui précise ne pas avoir eu de confirmation officielle à ce stade. «Au final, cela aura un impact néfaste sur le système de santé afghan et sur le développement du pays», a estimé cette source, se disant «extrêmement préoccupée».
Taux de mortalité maternelle élevé
«Je suis profondément alarmée», a également réagi la directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell. «Si elle est confirmée, cette interdiction devrait immédiatement interrompre la formation médicale de milliers de femmes et compromettre l’accès des femmes et des jeunes filles aux soins de santé», a-t-elle poursuivi, ajoutant que «des vies seraient ainsi perdues.»
De fait, l’Afghanistan a déjà l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde et le pays est déjà confronté à une pénurie alarmante de personnel de santé qualifié, en particulier féminin. Pourtant, ces professionnelles jouent un rôle essentiel pour garantir que les femmes reçoivent des soins maternels adéquats, que les enfants soient vaccinés et que les communautés aient accès aux services de santé essentiels. Le personnel médical masculin n’a pas le droit de soigner les femmes à moins qu’un parent masculin ne soit présent.
Cette interdiction «est un nouveau coup direct porté par les autorités de facto aux femmes et aux filles afghanes. Il s’agit de la dernière d’une longue série de mesures discriminatoires parrainées par l’État visant les femmes et les filles dans les domaines de l’éducation, du travail et autres», a abondé une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Ravina Shamdasani. Selon elle, «toutes ces mesures, prises par des hommes dans un manque absolu de transparence et sans aucune implication des personnes concernées, visent clairement à exclure les femmes et les filles de la vie publique». «Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, exhorte les autorités de fait à abroger cette directive néfaste», a-t-elle ajouté.
L’ONG Amnesty International a également fustigé une «nouvelle directive grotesque», tout comme l’Union européenne, qui a appelé le gouvernement taliban à revenir sur son projet, qualifié de «nouvelle violation consternante de droits humains.»
Le gouvernement taliban, qui a repris le pouvoir en 2021, a multiplié les mesures liberticides à l’encontre des femmes en Afghanistan, seul pays où l’éducation des filles est interdite après l’école primaire.
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