La justice et la police roumaines ont entamé des opérations ce samedi à Brasov, dans le centre du pays, dans le cadre de l’enquête ouverte destinée à comprendre comment le candidat prorusse Calin Georgescu a pu arriver en tête du premier tour le 24 novembre.
En Roumanie, place au travail de la police. Au lendemain de l’annulation de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, motivée par des suspicions d’interférence russe en faveur du candidat d’extrême droite arrivé en tête au premier tour, les enquêteurs du parquet et de la police ont entamé des perquisitions dans trois maisons de la ville de Brasov, au centre du pays.
Des interventions qui se déroulent dans le cadre de «l’affaire liée à des délits de corruption d’électeurs, de blanchiment d’argent et de falsification informatique», ont déclaré les procureurs. Ces derniers suspectent aussi des violations de la loi concernant l’interdiction d’organisations et de symboles de nature fasciste, raciste et xénophobe. Dans le cadre de la campagne, la Roumanie a détecté plus de 85 000 cyberattaques, «y compris le jour de l’élection», lancées depuis une trentaine de pays et «exploitant les vulnérabilités des systèmes informatiques électoraux» pour déstabiliser le processus.
Un tiktokeur très généreux pour les pro-Georgescu
L’opération vise en particulier une personne «possiblement impliquée dans le financement illégal de la campagne électorale d’un candidat à la présidence», précise le parquet, sans citer nommément le candidat d’extrême droite Calin Georgescu. Ce dernier, sorti de nulle part, a coiffé au poteau les favoris du premier tour de la présidentielle, y compris l’autre candidat d’extrême droite et le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu, le 24 novembre.
L’enquête a été ouverte plus tôt cette semaine après la déclassification de documents des services de renseignements étayant des accusations sur le rôle de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur. Ces rapports avaient fait état d’un compte TikTok, dont l’utilisateur Bogdan Peshir a versé des paiements de 381 000 dollars (361 000 euros) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir le candidat. La plateforme chinoise a nié toute implication ou interférence dans le processus électorale.
«La nature du vote faussée»
La Cour Constitutionnelle a annoncé vendredi «annuler la totalité» du scrutin afin de «s’assurer de sa validité comme de sa légalité» et demande à ce que «l’intégralité du processus électoral» recommence, plongeant le pays d’Europe orientale sous le choc face à cette décision sans précédent. Elle a invoqué «de multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé la nature du vote des citoyens et l’égalité des chances des candidats, affectant ainsi la transparence et l’équité de la campagne, en mépris des principes de élections démocratiques».
Explications
Critique de l’UE et de l’Otan, Georgescu, ancien haut fonctionnaire de 62 ans s’est encore déclaré vendredi dans les médias en faveur d’un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine voisine. Il a dénoncé une forme de «coup d’Etat» après l’annonce de l’annulation des élections. Il devait affronter dimanche la centriste pro-européenne Elena Lasconi, autoproclamée elle aussi «anti-système» et qui remontait dans les sondages, engrangeant les ralliements. Celle-ci a estimé dans une vidéo que «le vote aurait dû avoir lieu» et condamné une «décision illégale» d’un «Etat roumain bafouant la démocratie» et «conduisant le pays à l’anarchie».
Le président pro-européen Klaus Iohannis, saluant à l’inverse la décision face à des accusations «très graves», reste pour l’heure en poste jusqu’à l’élection de son successeur à une date qui sera fixée par le futur gouvernement issu des récentes législatives. Réaffirmant leur «confiance dans les institutions» roumaines, les Etats-Unis ont appelé à la tenue d’»un processus démocratique pacifique» et incité toutes les parties à «maintenir l’ordre constitutionnel».
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