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Thermomètre
Avec un mois de novembre très chaud, l’année 2024 va battre avec certitude le record de 2023 selon l’observatoire Copernicus. Pour la première fois, la moyenne des températures mesurées entre janvier et décembre franchira temporairement l’objectif de l’Accord de Paris.
Encore plus chaude que le record de 2023. Après le deuxième mois de novembre le plus chaud dans le monde, «il est de fait certain que 2024 sera l’année la plus chaude enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel», annonce ce lundi 9 décembre le Service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus. Le mois de novembre, marqué par une succession de typhons dévastateurs en Asie et la poursuite de sécheresses historiques en Afrique australe ou en Amazonie, a été 1,62 °C plus chaud qu’un mois de novembre normal à l’époque où l’humanité ne brûlait pas du pétrole, du gaz ou du charbon à une échelle industrielle. Désormais, la moyenne des températures mesurées entre janvier et décembre ne fera plus aucun doute : le réchauffement va dépasser 1,55 °C sur l’ensemble de l’année 2024.
Un record de plus
Cette barre symbolique correspond à la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015, visant à contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Cet accord fait toutefois référence à des tendances de long terme : la moyenne de réchauffement d’1,5 °C devra être observée sur au moins 20 ans pour considérer la limite franchie. En prenant ce critère, le climat est actuellement réchauffé d’environ 1,3 °C – le Giec estime que la barre d’1,5 °C sera probablement atteinte entre 2030 et 2035. Et ce quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, proches du pic mais pas encore en déclin.
Vers un réchauffement à + 3,1 °C
Selon les derniers calculs des Nations unies, le monde n’est pas du tout en bonne voie de réduction de sa pollution carbone pour éviter une très forte aggravation des sécheresses, des canicules ou des pluies torrentielles déjà observées, coûteuses en vies humaines et en impacts économiques. Les politiques actuelles des nations emmènent le monde vers un réchauffement «catastrophique» de 3,1 °C au cours du siècle, voire 2,6 °C si les promesses de faire mieux sont tenues, selon l’ONU Environnement. Les pays ont jusqu’à février pour soumettre aux Nations unies la révision de leurs objectifs climatiques d’ici 2035, appelées «contributions déterminées au niveau national» (NDC).
Cataclysme
Le récent accord adopté lors de la COP29 en Azerbaïdjan à la fin du mois de novembre risque d’être invoqué pour pointer du doigt les faibles ambitions des nations. Les pays en développement ont obtenu 300 milliards de dollars de promesse d’aide annuelle des pays riches d’ici 2035, soit moins de la moitié de leur demande pour financer leur transition énergétique et leur adaptation aux dégâts climatiques. Le sommet de Bakou s’est aussi conclu sans engagement explicite à accélérer la «transition» vers la sortie des énergies fossiles, approuvée à la COP28 de Dubaï.
Record de fonte en Antarctique
En 2023, le phénomène naturel El Niño s’était combiné au réchauffement climatique d’origine humaine pour pousser les températures mondiales à un niveau record. Comment expliquer alors le nouveau pic en 2024 ? L’année qui suit El Niño «est fréquemment plus chaude que la première» et après un pic autour de décembre-janvier «la chaleur se distribue au long de l’année», selon le climatologue Robert Vautard. Mais en 2024, «il est vrai que le refroidissement est très lent et les causes devront être analysées», ajoute-t-il. Et d’alerter : «Pour le moment on reste dans les marges relativement attendues» des projections, mais si «les températures ne redescendent pas plus franchement en 2025, il faudra se poser des questions».
Pour aller plus loin
Une étude publiée dans Science jeudi soutient qu’en 2023, la Terre a moins renvoyé l’énergie solaire dans l’espace, en raison d’une réduction des nuages de basse altitude et, dans une moindre mesure, de la diminution de la banquise. En Antarctique, celle-ci se maintient à des niveaux historiquement bas sans discontinuer depuis 2023, note Copernicus, avec un nouveau record de fonte pour un mois de novembre.
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